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 OS ► SWAP DE PERSONNAGES !

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Onisim Vassilev
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Ҩ OS ► SWAP DE PERSONNAGES ! Ҩ Mar 28 Mar 2017 - 14:18

SWAP DE PERSO

parce qu'on a tous un jour rêvé de jouer le personnage d'un autre



Coucou mes amours!  OS ► SWAP DE PERSONNAGES !   2257855467


Vous les attendiez, elles sont enfin toutes là : les fameuses OS de l'animation !  OS ► SWAP DE PERSONNAGES !   818702342 Nous tenons à vous remercier pour votre participation et pour faire vivre le forum comme vous le faites. C'est toujours un plaisir de voir que vous êtes enthousiastes et que, même si vous avez déjà 48676 RP en cours, vous trouvez encore un peu de place pour une OS.  :please:  

Alors, du fond du coeur, merci à tous ! OS ► SWAP DE PERSONNAGES !   1979455787
Et maintenant, place aux OS et à vos commentaires qui devront déborder d'amour, on ne vous laisse pas le choix. :perv:


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Ҩ Re: OS ► SWAP DE PERSONNAGES ! Ҩ Mar 28 Mar 2017 - 14:29

ROMAN TATSIKOV

bleeding out

   
When the day has come
   That I've lost my way around
   And the seasons stop and hide beneath the ground
   When the sky turns gray
   And everything is screaming
   I will reach inside
   Just to find my heart is beating

   La salle de réception bourdonne, elle bourdonne de ses âmes trop nombreuses, elle bourdonne de son activité fébrile. Il y a une tension dans l’air, une tension qui se sent et qui pèse sur les cœurs, une tension qui les rend fous. Il y a trop de monde dans cette salle, trop de colère et trop de peur pour que ça puisse continuer de fonctionner correctement. On entend les meneurs chuchoter entre eux, on les voit jeter des coups d’œil autour d’eux. Les rumeurs grandissent, tout se murmure et tout se transmet. Pourront-ils s’en sortir ? Ils le regardent, lui aussi, ils le regardent parce qu’ils pensent le connaître, parce qu’ils pensent savoir de quoi il est capable. Ils ne savent rien, les idiots, ils ne savent rien de la noirceur qui lui étreint le cœur, qui s’étend comme un chemin enflammée jusqu’aux tréfonds de son être. Si les ténèbres d’une âme se voyaient, alors il aurait des veines d’un noir abyssal qui lui entoureraient les yeux et qui se répandraient sur tout son corps. Ils savent qu’il a tout fait pour avoir le pouvoir, mais ils ne connaissent pas l’étendu de la noirceur qui le possède. Ils sont inconscients de la menace qu’il représente, et le resteront à jamais. Roman Tatsikov n’a jamais été connu pour révéler ses plans à la plèbe mortelle.

   Il les regarde s’agiter, l’œil vide, le cœur plus lent que jamais. Il les voit s’inquiéter et ne parvient pas à en ressentir la moindre émotion. Ils attendent qu’il réagisse, mais tout ce qu’il voudrait faire, c’est les brûler tous ensemble, les voir se transformer en cendres sur lesquelles il pourrait souffler. Il se sent mort. Il se sent mort à l’intérieur, alors que son cœur bat et son sang circule. Il se sent mort alors que la puissance de l’Ox le fait trembler de tous ses membres et lui rappelle constamment qu’il est bien vivant. C’est ironique, comme pensée, c’est ironique, aujourd’hui. Il a tout ce qu’il voulait, et bien plus encore, il a tout ce dont il a rêvé pendant des années, tout ce pour quoi il a œuvré. Il a touché le pouvoir, l’a saisi dans la paume de sa main et ne l’a jamais lâché depuis, mais c’est un goût amer qui reste dans sa bouche. Est-ce cela, être maître de son empire ? Voir le monde s’agiter à ses pieds et ne plus rien ressentir. Avoir la sensation que chacun des êtres qui passe devant nous est inutile, secondaire. Rien n’importe, rien ne trouve d’intérêt à ses yeux.

   Il sombre, et personne ne le voit. Tout le monde pense qu’il est roi, et un roi est invincible. Ils sont des vainqueurs, mais il est le Vainqueur. Il est celui qui a trouvé l’Ox, celui qui a permis à son clan la victoire que tous réclamaient depuis des siècles. Il est le héros, mais le héros tyrannique, celui qui a pris le pouvoir par la force, celui qu’on admire et qu’on craint à la fois. Il est celui qu’on n’ose pas approcher, on craint qu’il lance une malédiction d’un regard. Il est plus simple, de toute manière, qu’ils ne l’approchent pas. Pas alors qu’il ne peut les supporter, pas alors que chacun d’entre aux attise la colère en lui, pas alors qu’ils lui donnent de terribles envies de meurtre. Il préfère le silence des couloirs de l’institut à l’agitation de la salle de réception, il préfère la solitude que lui offrent les murs de pierre aux murmures constants qui bourdonnent à ses oreilles.

   Roman a choisi sa position actuelle, il a tout fait pour en arriver là. Il ne regrette rien, ou en tout cas il tente de s’en convaincre. Il a voulu être maître, il est désormais empereur. Il mène les clans d’une main de fer, et estime que c’est pour le mieux. Il a décidé de sa propre voie, s’est plongé tête la première dans les terribles noirceurs de la magie noire pour obtenir ce qu’il désirait. Il est désormais si enfoncé qu’il ne voit la lumière, si loin qu’il est persuadé que ses yeux eux-mêmes commencent à se noircir, mais peu importe les conséquences. L’espoir est une émotion futile. Ce n’est pas elle qui lui permettra de continuer d’avancer, pas après pas. Rien n’importe plus que le présent, il n’a pas le temps de se soucier du lendemain. Il a passé tant de jours à s’en persuader qu’il y croit presque désormais, il sent la conviction de cet état de fait à portée de main. Il lui suffirait de tendre les doigts et de fermer à jamais la page sur ses convictions passées.

   « Roman. » La voix le surprend. Pas parce qu’il était perdu dans ses pensées, seul sur le balcon de l’Aurore, pas parce qu’il a pris l’habitude qu’on ne l’approche pas, qu’on garde une distance respectueuse avec lui. Mais parce que c’est elle, et que si chacun le fuit, lui c’est elle qu’il fuit. « Cassie. » Il ouvre la bouche, la referme. Face à elle, il ne sait jamais que dire, il ne sait comment s’exprimer sans la blesser, sans les éloigner à nouveau. Il prend une petite inspiration, souhaite prononcer quelques mots. Son doigt sur sa bouche le surprend. Il garde le silence. Elle lui sourit, et ses yeux semblent briller. « Viens. » Sa main le saisit, si petite par rapport à la sienne, ses doigts glissant entre les siens. Il ne sait pas s’il s’agit d’un rêve, ou même d’une vision. Commence-t-il à halluciner ? Il s’en moque. Sans un mot, Roman se laisse entraîner. L’espoir n’est pas si futile, finalement.
(c) AMIANTE


Dernière édition par Onisim Vassilev le Mar 28 Mar 2017 - 14:32, édité 1 fois
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Ҩ Re: OS ► SWAP DE PERSONNAGES ! Ҩ Mar 28 Mar 2017 - 14:30

IRINA DROSKAÏA


L'air était embrumé par une épaisse fumée qui s'élevait jusqu'au ciel. Le monde semblait être à feu et à sang, comme s'il s'était dit qu'il était temps de s'autodétruire et de détruire tous ceux qui le peuplaient par la même occasion. Mais était-ce vraiment le monde qui avait décidé de tout détruire ? Non… Bien sûr que non… Le monde hébergeait la vie. Le monde se voulait être accueillant. Le monde était aimant telle une mère face à ses enfants. Sauf que les enfants s'étaient mis à le détruire en se détruisant eux-mêmes au passage. Pour autant étaient-ils tous détruits ? Sans le moindre doute, chaque être avait comme perdu cette petite flamme qui les habitait. Cette flamme que l'on appelle la vie. Chaque être ? Non… Pas tous… Debout dans le parc du château, une silhouette avait les yeux rivés sur ce monde qui devenait inhospitalité à la vie. Le paysage était couvert de cendre et le feu brulait toujours face à elle. Le château tout entier était en proie aux flammes et des plaintes étouffées se faisaient entendre, mais nulle personne ne sortait des portes. Ils périssaient tous à petit feu et elle... Elle avait vu périr quelque chose en son intérieur. Elle respirait mais elle ne vivait plus vraiment. Elle était juste en état de choc intense, restant là minutes après minutes. Heures après heures. A voir ce château être détruis par les flammes et comme une réponse de la peine du monde, une secousse ébranla le sol sur lequel reposait le château et ce dernier peu à peu s'écroula. Les pierres se détachaient de leur structure pour rejoindre le sol et plus le temps passait, plus les piliers du château s'étant vu fragiliser il ne resta presque plus rien. Un tas de pierre qui avait réussi à étouffer les flammes mais à quel prix…

Et elle bougea enfin, baissant son regard sur ses mains, pour constater avec horreur qu'elles étaient couvertes de sang. Mais ce n'était pas son sang. Elle ne le savait que trop bien qu'il ne lui appartenait pas. Et elle tremblait en cherchant à se remémorer ce qui avait bien pu se passer, ce qu'elle avait fait. La reine avait chuté de son piédestal et dans sa chute elle avait entraînée tous ceux qu'elle avait croisés et qui la côtoyaient. La preuve était là sur ses mains maculées de rouge vermeille. Secouant la tête, celle qui s'était toujours montrée faite de pierre se mis soudainement à courir dans le sens opposé au château, se rapprochant de plus en plus du lac dans lequel elle souhaitait retirer cette couleur de ses mains. Mais en chemin elle trébucha… Elle trébucha sur un corps, pour finalement s'étaler sur ce dernier. C'était le corps d'une jeune femme à la chevelure d'or, qui ne montrait plus aucun signe de vie. Un corps dont le visage avait une expression effrayée et il y avait de quoi. Car elle avait été gravement blessée, seul son visage n'avait pas été touché, mais le reste de son corps était une suite de plaies ouvertes et il manquait son cœur. Oui elle avait été attaquée avec une réelle violence et lorsque la jeune femme aux mains ensanglantées posa finalement son regard sur le visage de la victime, un frisson d'horreur la parcouris. Ce n'était pas n'importe quelle victime… C'était sa sœur, la farouche et fougueuse Eclair qui n'avait plus rien d'incroyable désormais. Et des flashs lui revinrent soudainement, il y avait eu une attaque sur le château, et Irina avait voulu mettre sa sœur à l'abri, l'entraînant à l'extérieur du château pour faire ce qu'elles avaient toujours prévu : fuir ensemble avant qu'ils ne mettent la main sur la cadette dotée de l'Ox. Mais cette dernière s’était rebellée, elle ne pouvait pas abandonner ses proches alors qu’elle lui avait promis qu’elle le ferait. Elle avait alors sans faire exprès envoyé une sorte de décharge avec le pouvoir de l’Ox qui n’avait réussi qu’à énerver Irina et réveiller la bête qui sommeillait au fond d’elle. Et à partir de ce moment là… Ox ou pas dans le sang, il n’y avait rien eu qu’elle ne puisse faire sans blesser Irina au passage et elle avait rendu les armes…

L’ancienne reine était effarée, horrifiée par ses propres actes, alors elle se mit à hurler et brutalement elle senti quelqu’un la réveiller en la secouant. « Irina. Irina réveille toi ! Calme-toi… » Et elle ouvrit les yeux sur la Salle de Réception qui n’avait subi aucun dégât et sur tous les Vainqueurs et Résistants, bien en vie, mais qui la regardaient avec insistance. Ce n’était qu’un rêve, ou plutôt, un foutu cauchemars et elle avait dû hurler à la mort durant son sommeil. Se redressant, elle lança un regard à la ronde poussant les autres à cesser de l’observer, ils avaient mieux à se rendormir, puis elle reposa son regard sur sa petite sœur transpirante de vie, qui lui tenait la main. « Je ne vais pas te demander des précisions sur le cauchemar que tu as pu avoir, car je sais très bien que c’est souvent dur d’en parler, mais sache que tu n’as rien à craindre. Tant que nous restons ensemble, soudées, nous sommes insubmersibles. » Si seulement elle savait… Si seulement elle savait ce dont Irina avait rêvé. Elles n’étaient en rien insubmersibles, et quoi qu’elles fassent, elles seraient toujours poursuivies par la malédiction d’Irina et par l’Ox imprévisible d’Abygail. Deux facteurs bien trop important pour ne pas les oublier et pourtant, elles les avaient complètement lésinées ces derniers temps, s’était imaginé qu’elles seraient plus forte qu’eux. Mais comment être plus fort face à quelque chose d’aussi imprévisible ? Elles n’avaient plus qu’à prier pour que l’imprévisibilité de chacun ne blesse pas l’autre au passage.
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Ҩ Re: OS ► SWAP DE PERSONNAGES ! Ҩ Mar 28 Mar 2017 - 14:33

HEMERA LESTRANGE


  Drowning I'm drowning in that clown's mask

To make you laugh at my thousand flaws

 

  Souris Hemera, lève la tête Hemera, danse Hemera, entre les lignes, entre les regards. Double, triple, multi-faces. Menteuse. Menteuse. Menteuse. Joue le jeu gamine, celui qu’on t’a appris, celui que tu maitrise depuis ton plus jeune âge, c’est pas le moment de faiblir. C’est la guerre Hemera, comme à Poudlard, peut-être même pire. T’as pas de marque brulante sur ton bras cette fois ci pour te rappeler ton devoir, juste ton sang glacial qui gèle dans tes veines. Dans ton corps.
Tu voudrais une pause. Rien qu’un instant peut-être, inconsciemment. Une pause dans toute cette tempête, cette agitation, arrêter de faire semblant pendant quelques temps, détendre les muscles raidis de ton visage à force de porter un foutu masque. Tu voudrais t’arrêter de danser et laisser ton cœur se reposer, ton corps récupérer. Mais t’as pas le droit. Sois forte Hemera et la déception qui n’est pas une solution. Parce que t’as besoin de te savoir indispensable, irremplaçable, dans leur cœur à eux. Amatis. Alazar. Ceux qui t’ont façonné, qui t’ont tout appris. Tu refuses de voir ne serait-ce qu’une once de dégoût dans leur regard. Tu feras tout Hemera. Tout. Le meilleur comme le pire. Surtout le pire. Et le sang indélébile sur tes doigts, sur tes draps.
Alors tu rajuste ta robe, tes cheveux, chignon parfait d’où s’échappent quelques boucles. Nouvelle couche, t’enfile un gilet sur tes bras trop maigres, la maille épouse tes formes absentent, donnent l’illusion que ton corps est toujours intact. Entier. Mais c’est faux. Tu le sais. Theodor le sait. Comme un secret. La vue de la nourriture qui te dégoute, l’absence d’envie et les kilos qui sautent, encore, encore. Deux doigts dans la gorge, à genoux sur le pavé à rejeter ce trop pleins de tout, de peurs, qui parasitent ton estomac. « Hemera » La voix te fait sursauter et tu te retournes vivement, main à la baguette, prête à agir au premier signe d’attaque. Parce que c’est la guerre et qu’il ne faut jamais oublier qu’une vie peut s’envoler en un instant. Tu as trop été témoin de ce genre de scène pour te laisser avoir si facilement. Hemera. Mais c’est ses yeux à elle qui t’accueillent. La douceur qui fait fondre la glace corporelle pour transformer ton sang en lave bouillonnante. Eniko. Et ces instants volés entre deux mensonges qui ourlent vos lèvres. Je te hais. Je t’aime. Je te déteste. Ne pars pas. En quelques secondes tu l’as retrouvée, les mains qui attrapent son visage de poupée torturée. Si semblables. Si différentes. Et ton ventre qui se tord, tes tripes qui font des saltos pendant que ton cœur danse la samba. Y a cette attraction que tu ne contrôle pas, que tu ne comprends pas. Et vos lèvres qui se rencontrent, vos âmes qui s’entrechoquent. T’enroule tes bras autour de son cou, si fragile. Tu pourrais le briser. Si facile. « Je peux pas… On peut pas. Je suis occupée» Pas aujourd’hui, pas maintenant, et déjà le devoir reprend le dessus, combattant tes sentiments douloureux. Tu t’écartes, et tu sens la déception dans son regard. Pardon tu voudrais murmurer. Mais tu peux pas. Tu t’excuse jamais. C’est pas ton rôle à toi. T’es au-dessus de tout ça. Et sans attendre tu tournes les talons, la laissant seule dans ta chambre, vos deux cœurs creusés par le manque de l’autre.
T’avais cru quoi Hemera ? Que t’aurais une voix dans ce chapitre ? Que t’aurais le droit ? Rêve pas gamine, t’as pas été créé pour ça. T’as un rôle précis, tiens-toi au script et ne déraille pas. Laisse pas le cœur prendre le dessus. Tu serais faible. Si faible. Souviens-toi Hemera. Tête haute et regard droit. T’es une Lestrange ou tu ne l’es pas. Honore ton sang, honore ton rang. Princesse de glace, vipère, sale garce.
T’efface lentement le rouge qui a débordé de tes lèvres, rajuste tes vêtements. Impeccable. Parfaite. Petite espionne pour ta famille empoisonnée, ça sert à quoi de se perdre dans des bras qui ne t’apporteront rien que du regret et le goût amer de rêves éphémères ? Eniko n’est pas pour toi. Tout comme tu n’es pas pour elle.  Et le son saccadé de tes pas sur le pavé, tu te dépêche. Dmitri t’attends. Le pauvre s’il savait à quoi tu joues, il tomberait de haut. Non. Ils tomberaient de haut. Dmitri, Irina, et tous les autres autour desquels tu tisse ta toile. Marionnettes entre tes doigts et le poison que tu susurre à leurs oreilles. Parce que c’est sans doute ce que tu sais faire de mieux, après brader ton corps, évidemment.  Alors avance Hemera. Avance bon sang.

AVENGEDINCHAINS
 


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Ҩ Re: OS ► SWAP DE PERSONNAGES ! Ҩ Mar 28 Mar 2017 - 14:35

DARCY ROOKWOOD


▿ i can't tell where
the journey will end
but i know where to start

Darcy a souvent pensé à son premier moment de liberté, à l’instant même où il poserait les pieds hors de l’institut. Il s’imaginait ressentir tant de choses ; tant d’émotions, qu’il a souvent dessiné la nuit, les yeux grands ouverts sur le noir de Durmstrang, trop peu confiant pour s’endormir aisément. Il la connaît, la liberté, il y a pris goût dès ses premiers pas posés en Irlande, il l’a faite sienne. Elle est devenue son compagnon de route, elle est devenue une part de lui-même. Ces derniers mois, enfermé dans Durmstrang, incapable de sortir, incapable de s’en échapper, incapable de décider… il a cru perdre la tête. Il ne déteste pas l’institut, mais il haït qu’on lui impose un choix. Plus jamais. Il se l’est promis. Plus jamais on ne choisirait pour lui, plus jamais il ne se laisserait dicter ses mouvements. Lorsque la barrière s’est abattue sur l’institut bulgare, il ne l’a pas senti comme une protection, mais comme une prison. Il a refusé d’être enfermé à nouveau, il a refusé qu’on prenne ce choix pour lui. Alors il n’a pas cessé un instant de chercher. Certes il a rejoint la Résistance, certes il a essayé d’aider les âmes aussi malheureuses que la sienne, ceux qui n’ont pas le choix non plus, ceux qui se sont retrouvés avec un pouvoir qu’ils ne désiraient pas. Mais il n’a pas cessé de chercher. Il s’est même allié avec une Eclair, irascible et insupportable au possible, parce qu’il sait à quel point il est important de réfléchir à plusieurs. Et il n’a jamais cessé de chercher.

Il est intelligent, Darcy, il le sait. Il ne s’en vante pas, mais il ne le cache pas non plus. Il n’a pas été envoyé à Serdaigle parce que la rousseur de ses cheveux et les tâches sur son nez paraîtraient jolies à côté du bronze des aigles. Il a été envoyé dans la maison des assoiffés du savoir, de ceux qui ne cessent jamais de réfléchir et de se renseigner, qui ne sont pas satisfaits de leur quotidien, parce qu’il y correspond parfaitement. Et il n’a jamais cessé de lui correspondre, au contraire, il s’en est rapprochée au fil des années, marqué par ses expériences et ses tragédies. Ce ne sont pas ni des murs, ni une barrière magique, qui allaient le retenir. Il a passé des semaines, des mois, à chercher la solution, à chercher une sortie quelle qu’elle soit. Un seul objectif en tête, un seul qui se répétait en boucle, fuir, fuir, fuir, fuir. Plus les jours passaient et plus il se sentait devenir fou. Il ne pouvait rester ici, il ne pouvait continuer d’être enfermé. Et enfin. Il l’avait trouvée. Il l’a trouvée. La sortie. Le seul défaut dans la barrière, minuscule, caché presque, impossible à trouver. Pas quand on s’appelle Darcy Rokwood. Pas quand on ne désire rien de plus que de sortir cet enfer. Il s’en persuade, en tout cas, il y croit, il ne pense qu’à ça.

Pourtant. Pourtant le voilà. Dehors. Hors de l’enceinte de protection de l’institut. Il peut sentir l’air passer entre ses cheveux, il peut sentir le soleil bulgare lui caresser le visage, il peut sentir son corps trembler au contact de la liberté. Il devrait se sentir heureux, extatique même. Il devrait être soulagé, enfin sorti, enfin libre. Pour autant, c’est un goût amer qu’il a dans la bouche, un poids posé au creux de son estomac. Son cœur bat à toute allure, mais il sait que ce n’est pas pour cette liberté finalement retrouvé. Il prend une inspiration tremblante, et avant qu’il ne le réalise, il est de retour dans l’institut. Il court Darcy, il court comme il n’a jamais couru de sa vie, il dévale les escaliers et dérape dans les couloirs, mais à aucun moment il ne s’arrête. Il sait, il sait ce qu’il doit faire, il sait ce qu’il doit dire, il sait comment il doit agir. Il savait, depuis longtemps, tout en refusant en même temps.

Il arrive en trombe sur les marches menant à la salle de réception, ignore les regards étranges qu’on lui jette, les murmures qu’on lance sur son passage. Il ne coure plus, mais son pas est toujours aussi déterminé alors qu’il se dirige vers la table des meneurs. Vers elle. Hedda le voit en premier, prononce quelques mots qu’il ne perçoit pas, mais elle relève la tête. Et lorsque les yeux de Priska plongent dans les siens, Darcy sait qu’il ne pourra pas partir. Sa moue est dédaigneuse, mais il ne voit que ses yeux, prunelles azurées qui le fascinent. « Tu n’es pas censé être parti ? C’est pourtant ce qu’il se raconte. » « Non. » Peut-être qu’il a l’air stupide, son sourire collé aux lèvres, ses yeux plus lumineux qu’ils ne l’ont été depuis longtemps. « Je reste. Ma place est ici. » Il sent la confusion de Priska, la voit dans son regard. Il aura le temps pour les explications, il pourra tout lui dire plus tard. L’adrénaline est si forte qu’elle le fait trembler de tous ses membres. Il saisit Priska par la taille, ignore son cri de surprise, et écrase ses lèvres ses lèvres contre les siennes, l’embrasse plus passionnément que jamais. Il a touché la liberté des doigts, et il a choisi. Il a gagné.

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Ҩ Re: OS ► SWAP DE PERSONNAGES ! Ҩ Mar 28 Mar 2017 - 14:36

NIKOLAI VOSTRIKOV

Sa tête lui tournait. Il avait la nausée. Instinctivement il plaqua une main sur son front brûlant et essuya la sueur qui coulait à grosse gouttes sur sa peau suintant l'ivresse. Son autre main moite agrippa la chaise à côté de lui le temps que le vertige lui passe. Son regard trouble allait et venait dans la pièce, s'attardant parfois sur des visages qui riaient, des corps qui se mouvaient sur la piste de danse tandis que d'autres se liaient les uns aux autres contre les murs sales de la taverne des trois trolls. Des silhouettes ondulaient autour de lui, trop rapide pour qu'il puisse les suivre. Et puis ses yeux étaient flous, dans son esprit un brouillard épais avait prit possession de toutes ses pensées. Le vacarme se faisait de plus en plus loin, remplacé par le bruit étouffé du chaos dans sa tête, comme une musique qui tournerait au ralenti dans une parfaite cacophonie. Putain mais pourquoi est-ce qu'il faisait ça ? C'était quoi son putain de problème à agir comme un ado attardé ? Mais déjà il avait oublié les questions lorsqu'on posa sur sa langue ce qui ressemblait à un bonbon rose. L'instant d'après, plus rien n'avait d'importance. Ni le goût amer de sa salive qui inondait sa bouche. Ni même son reflet dans le miroir qui lui renvoyait l'image d'un jeune homme fatigué. Trop fatigué pour un gamin de 18 foutues années à son compteur? Chienne de vie. Faut dire qu'il avait pas eu de chance sur sa route. être Orphelin n'avait jamais forgé des bons petits garçons bien droit dans leur bottes. Jamais. Et lui moins que quiconque. Alors les boniments de naïfs incapables d'enlever la merde qu'ils avaient dans leur yeux ne l’intéressait pas. Et la pitié, ils pouvaient bien la garder, il s'essuyait le derrière avec. ça n'avait aucune importance parce qu'il pouvait faire ce qu'il voulait, et si ça signifiait se comporter comme le derniers des enfoirés, c'était un choix qui lui appartenait. Définitivement, il n'était pas une de ces pauvres âmes manipulées par des discours de biens pensants. Alors il dansait. Enfin, il tournait sur lui même en décalage total de la musique qui faisait vibrer le sol. Il n'avait plus que du vide dans sa tête. L'inertie totale de la moindre étincelle d''entendements. Le néant quoi.

Puis tiens, y'avait cet abruti de Levski pas loin, qui faisait le malin comme d'habitude. Rien que de voir sa tronche ça lui retournait le ventre. Le foutait en boule, enflammait sa tête. Ses poings se serrèrent instinctivement. L'alcool aidant il s'avança vers lui. Il n'avait pas besoin d'une excuse, de toute façon ce soir ça allait être sa fête. Il l'avait décidé ainsi et valait mieux que personne ne tente de l'en empêcher. " Faut toujours que tu sois sur mon chemin. t'es pire qu'un putain de parasite Levski." Le garçon qui discutait quelques secondes avant avec une brune petite mais mignonne, releva le visage vers son interlocuteur. " Bouge de là Vostrikov, je suis pas d'humeur à jouer à qui a la plus grosse ce soir." Mais le garçon n'allait certainement pas en rester là. Hors de question alors que l'adrénaline commençait à emplir sa bouche. Alors il ouvrit les bras en grand, un large sourire sur le visage comme s'il venait de retrouver un ami de longue dates après des mois de séparation, puis il frappa le premier. Un crac sonore surprit le flamme face à lui qui avait sans doute pensé échanger quelques joutes verbales avant d'en venir aux mains. Mais à la vérité, Nikolaï n'avait pas eut la patience d'attendre de chauffer suffisamment l'autre pour lui faire décocher le premier coup. Deklan s'étala sur la banquette sous le rire de Nikolaï. Les hostilités étaient officiellement lancées. L'homme se releva et poussa la table d'un coup de jambe pur venir faire face à son agresseur. Avant même qu'il n'ait le temps de réagir, Deklan lui envoya un crochet du droit. Vostrikov vacilla, perdit un peu le sens de la vue mais réussit à prendre le contrôle de son corps pour se jeter sur le flamme avec violence. Tout deux tombèrent au sol mais la lutte continua sous le bruit de verres brisés et de coups se perdant dans l'abdomen et les côtes l'un de l'autre. Quelques cris de surprise ébranlèrent la foule qui s'écarta pour laisser plus de place aux deux garçons qui roulaient le long du sol. Du sang envahit la bouche de Nikolaï. Mais il s'en foutait. tout ce qui comptait à présent était la manière dont il allait faire bouffer ses dents à Levski. Pourtant une douleur lancinante dans les côtes le cloua au sol lorsqu'il essaya vainement de se relever pour prendre le dessus. Déjà une main agrippa sa nuque pour venir lui écraser la tête face contre le sol. Un rire rauque s'échappa de sa gorge. Quel comble. " ça te fait rire connard? " oui ça le faisait rire. Vraiment. La violence le faisait sentir vivant. Et plus il recevait de coups, plus ça lui rappelait que son existence ne se cantonnait pas à l'oxygène qu'il inspirait. D'un mouvement du coude, il fit basculer Deklan qui se trouvait au dessus de lui. Ce geste lui décocha une grimace, la morsure du mal de sa côte se propagea jusque dans son avant bras, il secoua la main en se mordant la lèvre ensanglantée. Un petit séjour à l'infirmerie ne lui ferait pas de mal après cette soirée. Mais Deklan avait été rapide et ses phalanges vinrent une nouvelle fois frapper son crâne avec force. Il bascula en arrière se laissant happé par la gravité. Des silhouettes les entourèrent, cette histoire allait mal finir. Puis des bras vinrent se passer autour de son ventre et le tirèrent en arrière tandis qu’il essayait de se dégager pour retourner en découdre avec le flamme. Il dut se résigner et son regard se perdit sur le visage de l'autre qui avait été lui aussi attrapé par la taille par quelques mains frénétiques qui cherchaient à le retenir. Puis se fut tout. ça s'arrêta là. Et le monstre d'agressivité retourna dormir au fin fond de sa cage thoracique, ronronnant d’avoir eut sa dose. Pour ce soir, c'était suffisant. Ignorant le goût du fer sous sa langue qui se propageait jusqu’à son palais comme du venin, et la douleur que son corps endolori tentait de refouler, Nikolaï se glissa jusque sur la piste de danse pour reprendre le cours de sa soirée.

Ensuqué par la bagarre, il bougeait au ralenti. Puis, Un visage qui passa près. Un visage aux traits fins, aux grands yeux bleus et aux boucles dorées. Instantanément le garçon pensa à une autre blonde, une blonde bien plus intéressante que cette potiche. qu’il savait écervelée. Mais elle ferait bien l'affaire pour ce soir. Déjà, il ne voyait plus qu'elle malgré la raison qui tentait désespérément de lui rappeler qu'elle n'était pas celle à laquelle il pensait. Non elle, elle était fade, dénuée de réelle beauté, ses yeux sentaient l'alcool et la luxure. Mais elle, cette pâle copie de celle qui comptait vraiment, n'était pas brisée non plus. ça lui suffirait. Des doigts qui s'effleurent, des regards qui en disent long. C’est à Elle qu’il pensa lorsqu’il posa ses doigts sur la peau diaphane de l’imposteure. C’est encore à elle qu’il pensa lorsqu’il colla son visage contre sa chevelure pour en humer l’odeur. Ce n’était pas la même que celle qui le rendait fou, cette fragrance là était trop insipide pour susciter ses frissons. « Willow... » murmura le jeune homme en plongeant ses lèvres sur le cou odorant de la jeune femme. « Comment tu m’as appelée ? » releva la blonde en fronçant les sourcils. « Oh et puis appelle moi comme tu veux, je peux être qui bon te sembles ce soir, mon lapin. ». Mais elle n’était pas Willow. Elle ne serait qu’une tâche de plus sur son tableau de chasse qu’il regretterait dès lors que ses esprits reviendraient. Personne n’était Willow. Même si quelque chose s’était éteint dans ses rétine. Même s’il luttait comme un diable pour tenter de lui faire retrouver le sourire. Ce sourire qui brûlait son âme et lui donnait l’envie de se dépasser. Et pourtant ce n’était pas facile. Il l’avait tant cherché, mit en gage sa vie pour la retrouver. Aujourd’hui il refusait de laisser la vie lui voler le peu de chose qu’il avait. Ça en était fini. Mais la poupée était belle. Pas aussi belle que Willow mais suffisamment. Alors il s’abandonna et écrasa ses lèvres sur celles de la nana qui s’était retrouvée au mauvais endroit au mauvais moment. Et puis, plus rien. Le noir. Lorsque ses paupière s’ouvrirent, il était allongé sur le divan. Certains corps endormis jonchaient le sol et les fauteuils de la taverne secrète, d’autres étaient encore saouls et murmurait des phrases sans queue ni tête. Qu’est ce qu’il avait foutu encore ? Un regard sur sa droite et il constata la présence de la blonde, séduite quelques heures auparavant. Il maugréa contre lui même. Sa tête lui faisait mal, un marteau tapait contre les paroi de son crâne comme pour en briser les os. Spontanément, Il posa la main sur son front. Putain Vostrikov, quand vas tu apprendre à arrêter de te mettre à l’envers bordel.
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Ҩ Re: OS ► SWAP DE PERSONNAGES ! Ҩ Mar 28 Mar 2017 - 14:37

NARCISZA BATHORY


Les énigmes dansaient dans le silence.

Les yeux grands ouverts dans le noir, l'enfant replaça lentement une mèche de sa chevelure sombre, derrière son oreille. La tête posée sur un oreiller en plumes elle resta fixe, constante, durant de longues minutes ; il était tard, l'heure où les petites filles de neuf ans dormaient à poings fermés. Pas elle. Torturée par un mélange confus de peurs et de regrets, le regard trop vieux pour quelqu'un de son âge, elle enlaça ses doigts les uns contre les autres, les yeux chargés d'angoisse et de détermination. Si ce n'était pas maintenant, y aurait-il seulement un autre moment ? Elle tourna la tête, observant une chambre dont elle connaissait chaque murs par coeur. Des dessins, des jouets d'enfants, de rares souvenirs d'un bonheur perdu. Avait-elle été jamais heureuse ? Oui, elle songea que oui. Elle s'allongea sur le dos, fixant le plafond, la tête derrière ses mains. Oui, elle avait été heureuse. Ses soeurs l'avaient été aussi. A l'époque où elle ne souffrait pas, où aucune marque ne heurtait sa peau d'enfant. A l'époque où les stigmates n'étaient que de simples égratignures et pas des plaies béantes creusant des artères dans son esprit. Des canyons. Cachant de longs torrents de haine et de peur.

Le regard sombre, elle pensa à Eniko. Sa soeur faiblissait de jour en jour, ses yeux, ternes, avaient perdu leur innocence d'enfant. Elle était fragile, plus fragile que tout ce qu'elle avait pu voir dans sa courte vie. Des verres de cristals si fins qu'il ne fallait pas les toucher. Des morceaux de coton, les plumes d'un oiseau. Elle était tout cela et rien à la fois ; Eniko était une enfant à protéger de ce mal qui grondait autour d'elle, du feu de la malédiction qui les frappait de nouveau. Cette nuit-là, elle avait fait un rêve, et elle était certaine que la bonne décision allait être prise. Cette nuit-là, elle avait rêvé d'un bain de sang dans lequel elle se glissait. Pourquoi s'en vouloir de faire du mal aux autres, si c'était pour se faire du bien à soi ? Quelles scrupules pouvait-on apporter à cela ? Pourquoi culpabiliser ? Avec un sourire amer, elle songea que la vie était faite de sacrifices. Si pour son bien être et celui de ses soeurs, elle devait agir, alors elle le ferait. Pour le plus grand bien, et peu importait ce qu'elle laisserait derrière elle. Elle poussa un long soupir silencieux, vidant ses poumons avant d'inspirer, plus longuement ; puis elle se leva, repoussant le drap blanc, et ses petits pieds se posèrent sur le parquet, maladroits. Elle fit un pas, puis deux, vérifia que personne ne pourrait la voir ; et, aussi silencieuse qu'un chaton, elle traversa la grande chambre et pénétra dans le couloir.

Elle connaissait cet endroit comme sa poche. Depuis ses neuf ans elle n'avait jamais rien vu d'autre ; le reste du monde, elle ne le voyait qu'au travers de grandes fenêtres, convaincue qu'elle avait tout ce qu'elle désirait là où elle se trouvait. Ses instincts d'aventurières se délectaient cependant du soleil en haut des collines, sur les pins de la forêt du nord qu'elle admirait parfois matin et soir. Elle aimait le couchant et l'aube, même si elle était condamnée à les supplier en silence de donner à sa vie un nouveau sens. Puis elle se détournait, revenant à ses jeux d'enfant. Si maman disait que dehors, il y avait du danger, alors c'était vrai. Elle avait répété cette phrase dans sa tête durant de longues années. Elle avait fini par s'en convaincre. La main refermée sur l'objet tranchant, elle serra un peu plus le poing, pour se donner du courage. Mais si maman était elle-même devenue un danger, que fallait-il faire pour sauver sa vie ? Pourquoi s'en vouloir de faire le mal, si c'était pour se faire du bien ? Avec un sourire, elle hocha la tête au silence et au vide. Elle avait forcément raison. Elle agissait pour le bien de tous. Elizabeth était d'accord avec elle, de toute manière. Cette femme somptueuse qui lui parlait dans ses rêves, qu'elle admirait jusqu'aux dernières fibres de sa chair de petite fille.

Elle pénétra dans la chambre en faisant légèrement craquer le plancher. Ses mains trop blanches ouvrirent la lourde porte de bois, et elle entra, le corps tremblant. Face à elle, allongée dans un lit sculpté et attachée par de solides liens de cuir, Timea Bàthory dormait paisiblement. Et pour cause, songea l'enfant avec une grimace, c'était Arabella qui lui avait donné son sang ce soir-là. Sa soeur jumelle faiblissait, elle aussi. Toutes les trois souffraient de la voracité de la mère, devenue Autre, mais qu'elles préservaient dans l'espoir de voir renaître des liens d'amour et de complicité. Mais Narcisza était celle qui prenait les décisions. C'était elle qui avait décidé de trancher son bras la première fois pour offrir à sa mère les précieuses gorgées de sa raison. Elle qui avait poussé les autres à le faire. Accrochée aveuglément à Timea, elle aurait tout donné pourvu que leur mère reste en vie et prenne encore soin d'elles. Mais de Timea ne restait que l'enveloppe. La malédiction avait dévoré sa raison, rongé son âme, faisant d'elle un monstre qui aurait un jour fini par les tuer.

Elle s'approcha du corps de sa mère, qui dormait, les yeux clos, la respiration régulière. Elle n'était plus rien. Elle pensa à Arabella, à la pâleur de sa peau, à la faiblesse dans chacun de ses gestes. Elle pensa à Eniko, qui s'était évanouie la dernière fois, et qui avait terminée alitée pour deux jours, vidée de son sang, de son énergie et de sa vitalité. Elle pensa aux hurlements qui avaient repris au milieu de la nuit, les empêchant de dormir, provocant chez leur jeune soeur de terribles terreurs nocturnes. Elle pensa à Ferenc, qui lui souriait et la serrait contre lui, qui attrapait sa petite main pour lui faire visiter le château pour la première fois. Elle pensa à ces corridors qu'il lui avait montré, puis à son regard inquiet quand ses yeux se posaient sur Timea. Elle pensa à la douleur qu'elle infligeait à tout le monde. Elle pensa à elle. Elle pensa au soulagement que tous ressentiraient grâce à elle. Elle pensa qu'elle les sauverait, quand elle leva le bras et que la dague d'argent se plantait dans le coeur de sa mère. La main, assurée, ne trembla pas. Elle ferma les yeux, quand sa mère les ouvrit, puis qu'elle laissa échapper de ses lèvres un souffle brûlant, le dernier ; elle l'entendit et frémit, silencieuse pourtant à cet instant. Ses yeux sombres fixèrent le plancher, puis le lien de cuir de son poignet gauche, qu'elle défit, méthodique. Elle referma des doigts encore chauds autour de la garde de la dague, ruisselante de sang. Puis elle croisa un regard éteint sur une expression de surprise, et, pâle, elle laissa quelques larmes brûlantes couler le long de ses joues. Cette créature n'était plus sa mère depuis longtemps, mais son enveloppe charnelle avait tout gardé de cette femme qu'elle avait aimée de toutes ses forces.

Elle recula d'un pas, enfin. La chose s'était passée très vite, et elle ne regretterait rien. Essuyant les quelques gouttes d'eau salée sur ses joues, elle jeta au cadavre un dernier regard déterminé. Un murmure s'échappa de ses lèvres blanches. Un murmure dont elle se rappellerait plus tard, lorsque ses cauchemars feraient ressurgir la vérité.
"Adieu, maman. Il le fallait."
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Ҩ Re: OS ► SWAP DE PERSONNAGES ! Ҩ Mar 28 Mar 2017 - 14:40

ARABELLA BATHORY



Bàthory, roulent les lettres et les sons tout contre le creux de sa langue, Bàthory, tinte le son de leur malédiction, Bàthory, Elisabeth ou Timea, Narcisza ou Arabella ou Eniko, des visages de femmes qui diffèrent et se ressemblent, tressaillent, s’enchaînent et disparaissent ensemble. Bàthory, répète-t-on, Bàthory, souillure, problèmes, questions, comme attachée à son nom par une chaîne qui se raccourcit, encore et encore, traquée par le passé, hantée par les souvenirs, des balafres sur le poignet pour chaque tentative de normalité avortée. Elle a aimé trop fort, Arabella, et c’est peut-être comme cela qu’elle s’est brûlée les ailes, parce qu’elle ne pouvait pas reculer, parce qu’elle ne voulait pas renoncer, malgré les cris et malgré les larmes, malgré le sang et malgré la douleur. Lorsqu’elle a trébuché sur son cœur beaucoup trop grand, elle n’avait aucune chance de se relever. C’est peut-être ça, sa malédiction, en réalité, la chute, encore et encore, jusqu’à toucher le fond,
jusqu’à toucher le
sol.

*

Lorsqu’elle reprend conscience, le sol sous ses doigts est humide. C’est une étrange sensation, en réalité, quelque chose de cotonneux et de froid, quelque chose qui ne devrait pas être là. Elle était sur son lit, lorsqu’elle s’est endormie, ce soir-là, roulée en boule entre sa couverture et son oreiller dans l’espoir de fuir quelque chose qui ne viendra pas. Elle était dans son lit et elle peut en jurer, parce que c’est toujours là qu’elle finit, lorsque la nuit finit par tomber. Le plafond qui la surplombe n’a rien d’habituel, lorsqu’elle ouvre les yeux. La canopée de feuilles qui la surplombe est inconnue, les hautes colonnades de marbre le sont tout autant. Elle est perdue, elle rêve, elle plane, peut-être, ne sait pas où elle est, ne sait pas où chercher. Les yeux écarquillés, elle crispe ses doigts sur l’herbe mouillée.

Il y a des yeux qui la regardent. Il est juché sur un muret et son sourire est pointu, tout de dents et de satisfaction et de colère peut-être. Il est juché sur un muret et elle connaît ce visage, l’a appris, encore et encore, dans un autre monde, une autre vie, une autre réalité. Il s’appelle Maksim et elle aimerait pouvoir être sûre qu’il répond au même prénom. Il s’appelle Maksim et l’inquiétude lui ronge l’estomac. Il s’appelle Maksim et elle reste muette, lorsqu’il se penche vers elle.

« Te revoilà. » Il y a quelque chose comme du mépris dans sa voix, quelque chose comme du danger. Elle sait. Elle sait qu’il lui en veut, elle sait qu’elle lui a fait franchir la mer, elle sait qu’il a des raisons de ne pas pouvoir la supporter. Elle sait. Te revoilà, dit son double, et elle ne montre rien du trouble qui l’habite, reste de marbre, reste tendue, parce qu’il y a quelque chose de bizarres et d’étranges, parce qu’elle ne comprend pas les règles du monde dans lequel elle s’est réveillée, parce qu’elle n’est pas en contrôle et qu’elle ne veut pas lui laisser le plaisir de la contempler paniquer. « Je savais que tu reviendrais. »

Le ton est amer et elle ne peut pas le laisser passer.

« Que je reviendrais ? »
« Tu es incapable de laisser tomber. » Il a un poids sur la langue, qui roule et qui tangue, elle darde ses yeux sur lui. « Tu es incapable de renoncer, incapable de continuer, incapable de progresser. Tu veux sauver tout le monde et tu ne peux sauver personne. Tu poses tes doigts et tu détruits tout. Regarde Nar- »

Peut-être qu’il sent le ressort du piège sur lequel il vient de poser le pied, peut-être que c’est les yeux d’Arabella, peut-être que c’est autre chose, un sixième sens peut-être, qui crie terrain miné et piège et sortilège, qui le pousse à reculer. Regarde Narcisza, allait-il dire, et si elle doutait que ses sœurs existent ici aussi, elle est maintenant persuadée du contraire. Elle sait, même, elle sait que sa sœur a besoin d’elle, elle sait que sa jumelle a besoin d’aide, elle sait qu’elle doit demander :

« Qu’est-ce qui s’est passé ? » Et elle maudit sa voix d’être aussi fébrile.
« L’Ox l’a capturée. »

Elle n’a pas le temps de l’interroger qu’il a déjà disparu.
Elle ne sait pas bien comme il a fait, elle sait que ce n’est pas de la magie, pas celle qu’elle connaît : il n’avait pas de baguette et elle n’en a pas non plus, il n’a pas lancé de sort, n’a pas même pas bougé les mains. Tout son corps s’est évaporé, comme avalé par l’air, avalé par la haie qui se dressait dans son dos, avalé par les ronces qui dessinent des arcades au-dessus de leurs têtes. Elle ne sait pas grand-chose, en réalité : elle sait qu’elle revient, elle sait que Maksim est là, elle sait qu’il lui en veut, elle sait qu’elle est perdue, elle sait que sa sœur est en danger, elle sait que l’Ox existe ; elle sait qu’elle doit bouger, aussi, alors elle se relève, les jambes chancelantes et l’envie de pleurer contre les paupières, lutte, lutte, lutte pour ne pas céder, pour ne pas se laisser avaler. Le menton tremblant, elle regarde autour d’elle, s’arrête, un instant, parce que le paysage est familier et terriblement inconnu, parce que tout ressemble à Durmstrang et que tout diffère, parce qu’elle est au milieu d’un labyrinthe qui aurait pu ressembler au Clos de l’Ox mais que tout semble tordu, distordu, brouillé, qu’elle ne sait pas quel chemin emprunter.

Les dents serrées, elle inspire.
Le premier pas est toujours le plus compliqué.
« Reviens-moi » chuchotent les fleurs, sous ses pas.

*

Arabella n’est plus certaine d’avoir des pieds. Elle n’est plus certaine d’avoir un corps, même, peut-être qu’elle flotte et que plus rien ne peut la toucher, peut-être que la voix qui murmure dans les feuilles n’est qu’un fragment de son imagination. Elle souffre. Ca court de la plante de ses pieds jusqu’à ses genoux, ça crispe tous ses muscles, fait de chacun de ses pas un habile tour de magicien, pieds nus sur des bouts de verre chauffés à blanc. Elle continue à avancer. Elle continue à avancer parce que c’est ce qu’elle fait de mieux, entêtée et volontaire et incapable de tourner les talons, elle continue à avancer parce que c’est tout ce qu’elle peut faire, une main sur le mur droit du labyrinthe et le souffle court, elle continue à avancer parce que Narcisza est en danger et qu’elle ne sait pas où est Eniko, parce que Narcisza a été capturée et qu’elle doit faire quelque chose, parce qu’Eniko semble effacée et qu’elle ne peut pas le tolérer. Elle marche. Elle marche, encore et encore, le soleil dans les yeux quelle que soit la direction qu’elle prend. Elle marche, à s’en briser les chevilles, parce que les teintes trop vives qui l’entourent commencent à l’écœurer, parce que le monde exsude de pigments et qu’elle a l’impression de lire un de ces vieux manuels sur le règne animal où l’on apprend que les couleurs signifient danger, poison, où l’on apprend à ne pas faire confiance à ce qui brille, à ce qui attire. Elle est loin d’être stupide, Arabella, alors elle ne s’arrête pas, alors elle marche.

C’est comme ça qu’elle lui tombe dessus. Comme cela et parce qu’elle arrive à la sortie, comme si Hemera avait été posée là pour l’attendre, comme si tout était calculé, programmé, écrit. Elle ne sait plus bien s’il s’agit d’un rêve, n’est plus vraiment sûre de quoi que ce soit, de toute façon, et elle a envie de pleurer quand Hemera lui attrape le poignet pour l’empêcher de tomber.

« Où étais-tu passée ? »

C’est une bonne question. C’est une bonne question parce qu’elle n’est pas certaine, plus très assurée du chemin qu’elle a pris, plus très sûre de la façon dont elle est arrivée ici. Elle se demande, vaguement, ce qui est réel et ce qui ne l’est pas, s’interroge sur le monde qu’elle croit avoir quitté, avec ses baguettes et sa magie, avec cette force qui les a submergé, elle se demande si le monde dans lequel elle a atterri n’est qu’une projection, si quelqu’un fouille son esprit, si quelqu’un la chamboule de l’intérieur. « Reviens-moi » murmure la voix qui vrombit dans ses oreilles depuis qu’elle s’est réveillée. Quelque part, elle sait qu’elle la reconnaît. Elle ne veut pas y penser.

« Je ne sais pas. » répond-t-elle plutôt à Hemera, et l’aveu lui coûte parce qu’elle ne peut pas le contrôler. Elle ne contrôle pas grand-chose, depuis son arrivée, et c’est ce qui la tiraille et c’est ce qui l’angoisse, parce que c’est ce qu’elle a toujours fait : prendre les choses en main, diriger, sauver et réparer, parce qu’elle a les épaules assez larges, parce qu’elle est forcée d’avoir le dos suffisamment solide pour pouvoir tout supporter. « Je ne me souviens de rien. »

Elle évite de prendre en compte le pli soucieux qui se forme sur le front d’Hemera, évite d’y penser, évite d’y songer.

« Rien du tout ? »
« Rien du tout. »

Le silence est pesant, un instant, et la jeune femme recommence à parler.

« Tu t’appelles Arabella Bàthory. Tu as une sœur, une sœur jumelle, qui s’appelle Narcisza. » Elle fait une pause, comme inquiète de sa réaction et Arabella sait que le plus dur reste à venir. « Elle a été enlevée. On ne sait pas comment mais l’Ox l’a prise. Elle dirige Durmstrang et attire tout ceux qui passent trop près dans ses filets et ta sœur a dû s’approcher trop près. Toujours est-il que toi et moi, nous avons un plan. »

Il y a quelque chose de lourd, dans le mot, quelque chose de pesant, quelque chose qui résonne. Hemera et elle ont un plan et elle sait ce que ça implique, confusément, et elle comprend qu’elle est prête à tout, dans un monde comme dans l’autre, prête à tout renverser pour le bien-être de ses sœurs.

« Explique-moi. » presse Arabella et l’urgence dans son ton lui fait grincer les dents. Elle est une Bàthory, elle est impassible, solide, rien ne doit se lire sur son visage ou dans ses yeux ou dans sa voix. Peut-être ne joue-t-elle plus aussi bien la comédie qu’autre fois.
« On a récupéré des soldats de l’Ox. Ils ont été endoctrinés, tu vois, c’est comme ça qu’Elle a pris le pouvoir. Certaines personnes sont prêtes à payer très chers pour mettre la main dessus et avec ceux qu’on a capturé, nous comptions demander une faveur. »
« Aller chercher Narcisza. »
« Ils nous ont donné rendez-vous demain, dans la soirée, dans les souterrains du palais. »

Elle ferme les yeux. Tous les univers se ressemblent, finalement, parce qu’elle lutte encore et encore contre des forces qui la dépassent, parce qu’elle bataille et qu’elle souffre mais qu’elle ne peut pas éviter, pas fuir, pas s’éclipser.

« Et Eniko ? » demande-t-elle, finalement, après un silence pensif. La réponse tombe comme un couperet :
« Qui ? »

*

« Elle est là, tu sais. »

La pièce est presque trop sombre pour qu’elle puisse le distinguer. Hemera lui a dit qu’elle habitait ici, avant de perdre la mémoire, qu’elle vivait là, dans cette pièce, au milieu des meubles dépareillés et des bibelots qui s’entassent, au milieu de tous ces objets qu’elle connaît – autre lieu, autre temps, autre circonstance – et qui lui échappent à présent. Il est juché en haut d’une armoire qui se trouvait dans sa chambre d’enfant, les jambes dans le vide et l’équilibre précaire. De là où elle se trouve, elle ne distingue que le bas de son visage. Elle n’a pas besoin de plus. Elle sait.

« Qui ? » l’interroge-t-elle alors que la réponse est évidente.
« Eniko. » Il retient le évidemment qu’elle lit contre sa bouche, retient le mépris, bride le sarcasme. « Elle n’a pas de souvenirs, ça fait des jours ou des années qu’elle erre : elle dit qu’elle cherche Quelqu’un. »

Elle n’a pas besoin de le lire pour sentir la majuscule dans sa voix. Quelqu’un, comme quelqu’un d’important, quelqu’un, comme une personne dont on aurait oublié le nom, quelqu’un, comme un trou dans la poitrine, qui flambe et qui brûle tout. « Reviens-moi, reviens-moi, reviens-moi. » chante la voix au fond de son crâne. « Reviens-moi, reviens-moi, reviens-moi. » Elle n’est pas sûre de savoir si elle a vraiment le choix.

« Tu ne peux pas savoir si c’est elle. »
« Elle dit qu’elle s’appelle comme cela. Elle est arrivée un beau matin, elle venait d’ailleurs, pas comme toi, pas comme Narcisza, pas comme tous les autres qui habitent ici. » Il serre les dents et elle devine le jeu de sa mâchoire dans la pénombre. « Elle vient d’ailleurs comme moi. »

Et il y a la rancœur dans sa voix, de la rancœur et du ressentiment et elle sait qu’elle a quelque chose à voir là-dedans, quelque chose qu’elle perçoit mais n’imagine pas, quelque chose qu’elle voit mais qu’elle ne comprend pas. Elle a raconté des choses, dans ce monde-là aussi et peut-être que c’est pour cela qu’il lui en veut, peut-être que c’est parce que c’est comme ça qu’elle se le figure, Maksim, toujours droit et fort et prêt à lui cracher à la figure ses erreurs, trompé, trahi, qui jamais ne pardonne.

« Je ne sais pas de quoi tu parles. » souffle-t-elle, lorsque le silence se fait pesant, et l’aveu lui coûte, lui coûte beaucoup trop, parce qu’elle devrait savoir et qu’elle en a conscience, parce qu’elle joue un jeu sans connaître toutes les règles, parce qu’Hemera n’a pas pu lui raconter tout ce que son esprit a éludé, parce qu’Hemera ne lui a pas parlé de Maksim et qu’elle ne sait pas dans quelles eaux elle nage, dans quelles eaux elle se noie. Lorsqu’il claque brutalement ses talons contre les portes de l’armoire, elle ne sursaute pas. Elle attend qu’il saute, qu’il se jette sur elle, elle attend qu’il agisse pour de bon, qu’il solde la tension qui se trame entre eux.

« Tu es cruelle. » Et c’est une sentence, une condamnation. Tu es cruelle, lui lance-t-il, et elle le sait quelque part, parce qu’elle ferait passer les siens avant le reste du monde, parce qu’elle ferait des génocides pour sauver la peau de ses sœurs. Il claque de la langue : « Tu vas la laisser derrière, alors ? Tu vas la mettre de côté ? Tu vas l’abandonner comme tu l’as fait pour moi ? » Il y a quelque chose de palpable dans sa rage, quelque chose de physique, qui la souffle comme une gifle. Elle aimerait protester mais elle ne peut pas, parce qu’il l’interrompt, parce qu’il la coupe, parce qu’il la plante sur place et qu’elle est incapable d’articuler un mot : « Tu m’as amené ici, Arabella. Tu m’as fait espérer, tu m’as promis monts et merveilles, tu m’as arraché de mon monde pour me projeter dans le tien et quand l’Ox a pris ta sœur, tu m’as laissé là. » Il marque un temps, reprend son souffle, laisse suinter les dernières gouttes de son poison : « Tu cherches le salut mais tu damnes tous les gens sur ton passage. »

Il y a un bruit de porcelaine brisée qui retentit, quelque part dans la pièce :

« Tu ne pourras sauver personne quand tu t’oublies toi-même. »

Lorsque sa gorge se dénoue, il a déjà disparu.
Elle voudrait ne pas avoir autant envie de pleurer.

*

Le temps est un concept flou. Arabella ne sait pas bien depuis combien de temps elle s’est réveillée, ne sait pas bien depuis combien de temps elle erre. Elle aurait pu demander à Hemera de l’accompagner, cogner à la porte de la salle au fond du couloir, exiger de l’aide. Elle aurait pu lui demander pourquoi elle ne lui avait pas dit pour Eniko qui se perdait seule dans l’univers étrange dans lequel ils évoluaient. Elle aurait pu demander pourquoi et pourquoi et pourquoi encore sans jamais obtenir de réponses, sans jamais arracher un mot à Hemera. Ils vivent dans un pays où les choses n’ont pas de sens, où les questions n’ont pas de réponses et les réponses pas toujours de questions. Elle n’est pas là depuis longtemps mais c’est quelque chose qu’elle a intégré, ingéré, digéré. Elle fait avec, et c’est comme ça, parce que c’est ce qu’elle a appris depuis qu’elle est petite : faire avec, malgré tout, en dépit de, parce qu’elle est meilleure que les circonstances, parce qu’elle est obligée de s’en sortir si elle veut pouvoir protéger ceux qu’elle aime.

Trouver Eniko n’est pas compliqué. Elle connaît l’endroit, mieux qu’elle veut l’avouer. Le palais est en ruine mais elle reconnaît certains couloirs, miroirs d’un autre château, d’un autre lieu, d’un autre endroit. La pièce où elle dort est en fait le QG des Ombres, les couloirs qu’elle a parcouru sont ceux de l’Aile Nord et si les pierres ont laissé place à des plaques de verre, la magie de l’endroit n’en est pas moins familière, l’Ox est toujours la même puissance destructrice, incarnée dans un corps de femme aux ambitions meurtrière, des fleurs en lieu de visage et une armée en guise de pouvoir. « Reviens-moi. » murmure une nouvelle fois la voix, qui refuse de la laisser en paix. « Tu me connais. » chuchote-t-elle et cela la fait frissonner. Elle sait que c’est dans sa tête, elle sait que le moindre bruit résonnerait en de milliers d’écho, elle sait qu’elle n’a rien à craindre, pas vraiment, pas réellement. Elle appréhende pourtant ce qu’elle va trouver. C’est comme un fil accroché à son cœur, qui tire et qui tire quand elle s’éloigne, se relâche lorsqu’elle se rapproche et elle sait qu’elle est sur la bonne voie, lorsqu’elle franchit une arche recouverte de mousse, pénètre dans une clairière qui n’a rien à faire au cœur d’un bâtiment, regarde flotter dans le ciel des milliers d’ampoules qui renferment des brumes tournoyantes.

« Tu me connais. » murmure une voix, et ce n’est pas celle qui la hante. Eniko a les yeux vides et le regard morne, Eniko a l’air loin, loin, si loin, comme arrachée de son corps et restituée bout par bout, pièce par pièce, un patchwork de sa sœur qui ne s’est pas perdue encore tout à fait.
« Je- » commence Arabella sans avoir tout à fait le temps de finir, parce que les mains de sa sœur cherchent les siennes, parce qu’elles serrent, serrent, serrent ses doigts comme pour se rattacher, comme pour éviter de couler.
« Je cherche Quelqu’un. » Il y a quelque chose d’enroué dans la voix pourtant si familière. « Est-ce que tu sais qui ? »

Elle aimerait nier, Arabella, nier de toutes ses forces, elle aimerait lui dire qu’elle ne sait pas, qu’elle n’en sait rien, qu’elle n’a jamais su. Elle est incapable de le faire, incapable d’articuler, parce qu’elle le sait, évidemment, parce que la voix la harcèle, parce que la voix la torture, parce qu’il y a sa mère qui appelle quelque part du fond de son crâne, sa mère qui chante et sa mère qui réveille toutes les douleurs qu’elle pensait endormie. Elle est incapable de lui dire qu’elle ne sait pas parce qu’elle a vu son visage dans un miroir en arrivant ici, parce que les doigts d’Eniko se tendent vers une ampoule, parce qu’il y a une présence qui encercle et qui se rapproche, fantomatique et inquiétante, parce que Timea ne devrait pas être là, parce qu’elle ne peut pas se trouver ici.

« Je sais. » répond-t-elle tout bas, juste avant qu’Eniko ne touche l’ampoule qui reflétait le visage de leur mère, juste avant que le monde ne sombre dans le chaos. Bien sûr qu’elle sait.

Elle sait aussi que les soldats de l’Ox qui les cueillent sont des gens qu’elle connaît. Elle les reconnaît, dans leurs armures marqués de sceaux qu’elle a contemplé pendant des années, elle les reconnaît, évidemment, tous les éclairs et les icebergs qui les assaillent et toutes les ampoules qui explosent dans la bataille, alors qu’elle arrache Eniko de la mêlée, alors qu’elle fait jaillir des murs de lumière autour d’elles, alors qu’elle les repousse, des vagues de magie pure au bout des doigts, qu’elle les force à reculer. Elle n’entend pas Hemera, qui surgit derrière elle, elle ne l’entend pas, qui s’attarde près d’elles.

« Pourquoi ? » hurle Eniko et elle aurait dû savoir qu’elle serait en colère. « Pourquoi tu ne m’as pas laissé l’attraper ? » Et c’est absurde, parce qu’elle était en danger et qu’elle ne pouvait pas la laisser tout risquer pour cela, et c’est absurde, parce que c’était moins important, que ça lui semble évident, que ça lui semble clair. « Pourquoi tu m’as fait ça ? Je pensais que tu la cherchais aussi. » Et c’est une pique en plein cœur parce que c’est ce que lui répètent tous les gens qu’elle côtoie, pourquoi, pourquoi, pourquoi tu m’as fait ça ? Maksim et Eniko, même combat, et si elle n’en montre rien, elle fatigue, elle s’épuise, elle se craquelle.

« On s’en va ! » lance Hemera et le cœur d’Arabella se fissure lorsqu’Eniko secoue la tête, lorsque ses doigts fouillent frénétiquement les bouts de verre brisés.

Elle se morcelle.
Elle ne proteste pas, lorsqu’Hemera lui prend la main pour l’entraîner au loin. Elle ne réagit pas, lorsque, du fin fond de la clairière, la voix d’Eniko s’élève, accusatrice :

« Je pensais que tu l’entendais aussi ! »

Elle ferme les yeux, fort.
« Reviens-moi. » chuchote sa mère une dernière fois.

*

Elle sait déjà que les dés sont jetés. C’est couru d’avance, en réalité, depuis qu’elle a quitté Eniko, depuis qu’elle a suivi Hemera. C’est l’heure, lui a dit cette dernière, comme pour oublier le cri d’Eniko, c’est l’heure, a-t-elle dit, et Arabella s’est souvenu des êtres qu’il fallait monnayer. Elle regarde les soldats à genoux et ne voit que des visages connus, elle regarde les révolutionnaires qui lui font face et ne voit que des assaillants. Les termes changent mais pas les réalités, tout est différent et trop proche du monde qu’elle a quitté. Elle est à deux doigts de Narcisza et elle le sait, parce que quelque chose tambourine dans sa poitrine, parce que quelque chose bruisse dans son âme, elle est à deux doigts de réussir, et c’est une évidence, bien sûr, elle va sauver Narcisza et ensuite aller tirer Eniko de là, parce qu’il faut qu’elle les protège, parce qu’elle ne peut abandonner, ni l’une, ni l’autre, et qu’elle est bien trop proche de s’abandonner elle-même pour perdre du temps. Elle n’est pas étonnée qu’ils acceptent de mener l’assaut, en réalité, parce que c’est leur fonction, au final : assaillir, mettre à sac, enfoncer les portes, parce que c’est comme ça qu’elle les a toujours vus, toujours perçus, toujours ressentis.

L’attaque est courte et brutale. Elle trône en haut de la Tour Gargouille, au centre même du domaine, tout en haut, comme une Impératrice qui contemplerait son royaume. Elle emmène ses proies dans la salle du trône et personne ne sait bien ce qui s’y passe, en réalité, parce que personne n’en revient jamais, parce que personne ne s’approche de tant de pouvoir sans en être fondamentalement changé. Elle a peur. Elle a peur et n’en montre rien parce que le devoir passe avant, parce qu’elle ne peut pas se le permettre, parce qu’il faut qu’elle pense à ses priorités et à ses sœurs, parce qu’il faut qu’elle pense au bien commun plutôt qu’à elle-même, parce qu’elle ne peut plus revenir en arrière maintenant, alors qu’elle monde à la suite des assaillants, regarde dévaler sur les marches les corps d’adolescents qu’elle a fréquenté sans doute le temps d’un instant. Elle ne pense pas aux ronces qui se dressent sur leur chemin ou à la magie qui crépite, aux murs qu’elle dresse pour renvoyer les sorts et aux morts qu’elle sème sur son passage. Elle ne pense pas à cela parce qu’elle est en contrôle ou autant qu’elle peut l’être : elle est responsable, elle se tient pour seule coupable.

La salle du trône est un charnier, des cadavres sur des cadavres et des fleurs qui poussent dans les squelettes de tout ceux qui ont cherché à L’achever. Elle est là, sur son trône, belle et magnifique et terrible, terrifiante malgré les fleurs qui la recouvrent, inquiétante malgré la douceur qu’elle dégage. Elle est belle, et c’est son tort, parce que la beauté signale le danger et qu’Arabella est prête, parce que ses yeux fouillent les corps et qu’elle n’a de cesse de trouver celui de sa sœur. Elle est en vie, elle est en vie, elle est en vie, elle le sait, et peu importe les cris et les batailles et peu importe l’Ox qui ricane et qui souffle et qui tente, et peu importe la magie et la mort et tout ce qui se mélange.

Narcisza est en vie, oui, et elle tombe à genoux lorsqu’elle la retrouve, adossée à une colonne dans cette salle beaucoup trop grande. Elle est en vie et elle écarte ses cheveux de son visage, et elle a envie de pleurer parce qu’elle ne l’a pas perdue, parce qu’elle ne s’est pas évaporée, pas encore. Elle a les bras autour d’elle lorsqu’elle sent les racines, elle a les yeux posés sur elle lorsqu’elle les voit, qui courent et se ramifient, se perdent dans la salle et se rattache à l’Ox qui tombent à genoux, un rire brisé dans la gorge et la magie qui semble ne jamais cesser émaner d’elle. Elle aimerait crier, Arabella, parce qu’elle comprend avant que ça n’arrive, elle aimerait hurler, parce qu’elle sait, parce que l’Ox s’éteint lorsque le dernier assaillant debout la frappe, parce que Narcisza meurt dans ses bras lorsque les racines se rétractent.

L’histoire d’Arabella est intimement liée à la perte. C’est une chose qu’elle a accepté, une chose qu’elle a fait sienne. Elle a perdu sa mère, il y a bien trop longtemps, elle a perdu Maksim, elle a perdu ses sœurs, petit à petit mais jamais définitivement. C’est pour cela qu’elle court, en réalité, pour cela qu’elle se démène, des larmes comme de l’acide sur les joues et pas assez d’air dans les poumons, parce que Narcisza est partie et qu’elle ne peut pas l’accepter, parce qu’il reste Eniko et qu’elle ne peut pas ne pas la sauver.

Ses pas la mènent à la salle où elles se sont quittées, parce que la prairie est le seule endroit où elle sait la chercher. Elle foule les débris de verre, le cœur serré, le cœur brisé.
Elle sait qu’elle arrive trop tard.

Elle le savait quand elle est parti, elle le savait quand elle s’est laissée happer, elle le savait parce qu’il y avait quelque chose dans le regard d’Eniko, parce qu’il y avait quelque chose dans la voix de Timea, elle le savait parce qu’elle a failli céder, parce qu’elle l’a senti.

Au milieu de la clairière, elle tombe à genoux une nouvelle fois.
Les mains en sang d’avoir fouillé les bris de verre, Eniko serre un fantôme entre ses bras.

« Vous êtes à moi. » souffle Timea, les yeux rivés dans les siens.

Les cicatrices sur son poignet brûlent comme des marques au fer blanc.
Sous ses pieds, le sol s’émiette ; elle arrête d’exister.
À l’arrière de ses paupières, Maksim lui adresse un sourire satisfait.

*

Bàthory, roulent les lettres et les sons tout contre le creux de sa langue, Bàthory, tinte le son de leur malédiction, Bàthory, souffle une voix tout bas lorsqu’elle se réveille en sursaut, les mains tremblantes et les cheveux collés contre son front. Bàthory, parce que c’est son nom, Bàthory, parce que c’est son histoire, Bàthory, parce que c’est ce qu’elle est. On ne se laisse pas déboussoler par une rêve, lorsqu’on s’appelle Arabella, on ne se laisse pas secouer par un cauchemar, lorsqu’on est elle, on ne se laisse pas réveiller en pleine nuit, suffocante, les yeux rivés sur un plafond qu’elle connaît pas cœur et son matelas contre les doigts. On se contrôle, on se reprend, on se ressaisit, on ne se laisse pas étioler, émietter, effondrer. Le visage contre les poings, elle reste immobile ; il y a des choses que même la nuit ne parvient pas à masquer, des choses que même son nom ne parvient pas à annihiler.

Ce n’était qu’un rêve, se répète-t-elle. Qu’un rêve, qu’un rêve, qu’un rêve. Ce n’était pas la réalité, ce n’était pas les gens qu’elle connaît, ce n’était pas prémonitoire, ce n’était pas un avertissement. C’était juste un rêve et peut-être qu’elle recommence à respirer, lentement.
C’était juste un rêve et peut-être qu’il la hante, et peut-être qu’il l’empoisonne, et peut-être qu’elle le tourne et le retourne, parce qu’elle a la disparition de ses sœurs sous les paupières et qu’elle ne peut pas l’oublier.

Le lendemain, elle fera semblant d’aller bien ; elle n’a d’autre choix que de continuer.
Un courant d’air fait frémir le bouquet de fleurs sur sa table de chevet.
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Onisim Vassilev
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Ҩ Re: OS ► SWAP DE PERSONNAGES ! Ҩ Mar 28 Mar 2017 - 14:41

LILITH VON WOODSEN


« J’ai peur que tu oublies… »

Cette voix étrangement familière d’un petit garçon, résonnait dans son esprit endormi. Elle ouvrit les yeux, regarda le plafond. Elle venait de se réveiller en sursaut. Elle posa sa main sur son cœur et constata rapidement qu’il battait bien trop vite ! Mais au moins, elle était certaine qu’elle ne dormait plus… Elle cacha alors son visage de ses deux mains, essayant de se calmer un minimum, de reprendre une respiration plus régulière. Elle se redressa ensuite, s’adossant sur la tête de son lit. Soupirant, elle rouvrit les yeux et aperçu ce petit garçon devant elle, qui la regardait, debout, au pied du lit. Comme un fantôme, il avait un halo qui l’entourait. Elle ne comprenait pas ce qu’il était en train de se passer. Lilith le reconnu tout de suite ! Elle savait que c’était lui. Gabriel, tel qu’il était le jour où ils se sont rencontrés…

« Halo ? » Demanda-t-elle d’une voix hésitante…

Le petit garçon ne la quitta pas de son regard naïf et innocent, sans dire un mot, comme s’il avait fait une bêtise et qu’il attendait sa punition.
Intriguée, Lilith se redressa d’avantage pour se lever et approcher du petit garçon. Elle s’accroupit devant lui, et passa une main dans ses boucles brunes… Il était là, et il était bien réel. Lilith s’en rendit compte…

« J’ai peur que tu oublies… » Répéta le petit garçon. Sa voix résonnait comme s’ils étaient dans une pièce vide, hors, ce n’était pas le cas. Ses lèvres n’avaient guère bougé et sa voix venait comme d’outre-tombe. Lilith commença à paniquer, ne comprenant rien à cette situation absolument pas rationnelle ! Elle se redressa d’un bond et fit un pas en arrière.
Sauf qu’en rien la situation était menaçante… Elle était juste incompréhensible et elle aurait aimé savoir ce que le fantôme de Gabriel enfant, fichait là, devant elle, à répéter cette phrase qu’il lui avait dite à Durmstrang. Il avait toujours été plus malin qu’elle pour interpréter ce genre d’énigme, mais là, ça relevait du domaine du surnaturel. Un domaine qu’elle ne maîtrisait pas.

Elle voulut tenter de calmer les craintes du petit en disant :

« Rien ne pourra jamais me faire oublier ça. » Dit-elle d’une voix qui se voulait la plus rassurante possible.

Alors, elle observa un léger sourire sur le visage du garçon, qui baissa la tête et qui disparut. Lilith était à présent dans le noir presque complet, dans sa chambre qui retrouva un calme nocturne serein. Elle se laissa tomber sur ses genoux, joignant ses mains contre sa poitrine, pour prendre la montre à gousset entre ses doigts. Elle hésitait à aller le voir… Elle avait vraiment besoin de le ressentir au près d’elle. Elle était en manque de sa présence. Sauf qu’elle était en mission, mais elle était trop perdue à la suite de ce qu’elle venait de vivre.

Le vent souffla :

' Vas-y… ' Et elle le fit. Tournant les aiguilles, elle se retrouva à ses côtés en un instant.

Dans la même position qu’à l’allé, les genoux sur le sol, elle constata que celui-ci était vermillon et qu’il sentait le fer. Plus loin, un corps sans vie lui tournait le dos. Sa silhouette lui était familière… Son cœur se serra. Elle laissa tomber la montre pour ramper jusqu’au corps en priant et en suppliant tout ce qu’elle pouvait pour que ce ne soit pas le corps de son ange, pour que ce ne soit pas le corps de son Gabriel… Les larmes coulaient, la panique se mêlait à la colère et à la tristesse. Le faite que le fantôme d’Halo, enfant soit venu lui demander de ne pas l’oublier… Tout commençait à avoir un sens, un raccord logique dont elle refusait d’accepter…

Arrivée au cadavre, elle vit que c’était bel et bien celui de son mari. Ses mains, ses jambes, ses genoux écorchés, sa nuisette,… tout portait les traces de son sang, de son corps écartelé. Ses cris étaient stridents. Des larmes de colères et d’agressivité coulèrent lentement telle de la lave en ébullition. Lilith se laissa procéder par une rage que jamais elle n’avait vécue ! Elle hurlait sur le corps de Gabriel, comme si ses cris allaient le ramener de l’au-delà et que c’était son dernier moyen de le faire revenir. Une véritable tempête naquit dans le corps de Lilith ! Si bien que ce dernier commençait à devenir rougeoyant et qu’il commençait tout doucement à prendre feu. ‘Elle était le feu, il était la glace…’ Lilith se laissa alors consumer par la colère et la rage qu’il y avait en elle. Tout autour d’elle commençait à brûler… Même le pauvre espion décédé… Elle continuait d’hurler sa tristesse et sa rancœur. La situation était purement irréaliste. Elle refusait de croire à cette réalité pourtant bel et bien réelle !

« LILITH ! »

La jeune femme ouvrit les yeux dans un nouveau sursaut, complètement essoufflée et trempée de sœur. Gabriel était en train de la regarder d’un air inquiet… Les yeux écarquillés, Lilith venait de se réveiller, avec son mari à ses côtés… Quel cauchemar !
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Onisim Vassilev
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Ҩ Re: OS ► SWAP DE PERSONNAGES ! Ҩ Mar 28 Mar 2017 - 14:42

ENORA BARJOW
   

   I  gave you everything
   And it's a beautiful crime
Each step I left behind, Each road you know is mine. Walking on the line ten stories high, say you'll still be by my side. If I could take your hand, If you could understand, That I can barely breath the air is thin. I fear the fall and where we'll land. We fight every night for something. When the sun sets we're both the same. Half in the shadows, Half burned in flames. We can't look back for nothing, Take what you need say your goodbyes. This darkness is the light.

   
   
Adossée contre un mur dont les pierres lui rentraient dans la peau, Enora était comme paralysée. Elle n'arrivait plus à respirer à un rythme suffisant mais ça lui était égal, elle se privait volontairement d'air, comme une idiote, testant ses limites. Les battements de son coeur diminuaient jusqu'à devenir anormalement lents. Elle jouait avec le feu, avec sa propre vie. Quelle importance? Plus rien ne faisait sens. Repliée sur elle-même, elle s'appliquait de toutes ses forces pour garder les yeux fermés. Ne surtout pas les rouvrir. Ne surtout pas les poser sur le corps d'Onisim, allongé un peu plus loin. Ils se planquaient dans le château depuis des jours, comme des vagabonds. Elle avait beau tout faire pour réprimer cette envie de hurler son mal-être, parfois elle n'en avait simplement plus le courage, plus la force. Parfois ce que son petit-ami lui demandait était juste trop difficile. Est-ce qu'elle pouvait vraiment continuer à prétendre le contraire? Prétendre que ça ne lui coûtait pas des morceaux de son âme, qu'elle ne mourrait pas à petit feu? Tout ce pour quoi elle croyait s'était cassé la gueule. Et c'était sa faute. « Je t'aime mais ça me fait souffrir, murmura-t-elle. » Une seconde, elle aurait presque voulu ouvrir les yeux pour vérifier si il dormait. Est-ce qu'elle aurait aimé qu'il l'entende? Elle n'en savait rien,tout était devenu tellement flou, tellement compliqué pour eux depuis le retour de Viktor. Malgré tout, elle essayait de se raccrocher au peu de certitudes qu'elle détenait encore. Et elle se les répétait, pour bien les graver en elle. « Ça me fait mal, de t'aimer. » Ecoute-moi. Pardonne-moi. « Ça me… » Une boule se forma dans sa gorge, se transformant doucement en quelque chose qu'elle ne voulait pas comprendre. Une sorte de rancoeur qu'elle se trouvait odieuse de ressentir, mais bientôt des larmes se mirent à couler durement le long de ses joues. Une pour chaque chose qu'elle lui reprochait. « Ça me fait tellement mal. » Ne surtout pas ouvrir les yeux. Pourquoi avait-elle si peur qu'il soit réveillé?
   Elle souffrait mais elle ne voulait pas se donner les moyens de guérir. Onisim savait, elle en était certaine. Il avait toujours su lire en elle mieux que n'importe qui, alors il avait deviné les blessures, et à sa manière, il avait essayé de les panser. Mais Enora commençait doucement à réaliser que tout l'amour du monde ne pouvait pas suffire. Non, ça ne pouvait pas être assez, assez pour les réparer, tous les deux. Ils ne faisaient plus que s'entrechoquer, comme deux météorites sans arrête sur la même trajectoire, mais dans le sens opposé, alors elles ne faisaient que se frôler, et s'effriter un peu plus à chaque fois. Perdre des bouts d'eux-mêmes était devenu leur spécialité. Bientôt il ne leur resterait plus rien. Est-ce qu'il l'avait compris, lui aussi? Qu'ils n'étaient plus capables d'autre chose à part se détruire? Sans doute, mais c'était Onisim, et elle aussi, elle le connaissait par coeur. Il avait tellement besoin d'elle qu'il ne faisait plus attention au reste, il l'obligeait tendrement à se sacrifier et elle tenait trop à lui pour l'en empêcher. La vérité c'était qu'il n'avait jamais eu ne serait-ce que la moitié du courage de la jeune femme. Parfois, il se voilait la face pour son propre bien, et c'était devenu tellement plus facile. Il avait peut-être un monstre à l'intérieur mais au fond, il n'était encore que ce gamin terrifié, perdu dans les bois, une nuit d'hiver. Tout était gelé en lui, et parfois même la Flamme ne parvenait pas à le réchauffer, à le tirer vers la surface. Mais elle était tellement fatiguée, la Barjow. Tellement, tellement fatiguée de mener des combats qui n'étaient pas siens, de se battre pour les autres. Même pour eux, même pour lui.

   Dans un sursaut, elle rouvrit les paupières. Non mais à quoi est-ce qu'elle pensait? Abominable petite-amie, sans coeur, sans loyauté. Elle était une Gryffondor, une Flamme, c'était bien un piètre exemple pour toutes les valeurs des clans auxquels elle avait appartenu. Ce n'était pas la faute d'Onisim, et quelque part, bien loin au fond de ses tripes, elle le savait. Mais pour le coup, c'était elle qui manquait de courage. Parce que lui, lui… Il n'aurait jamais pu confronter son propre frère. C'était à elle de s'en occuper, ça lui semblait même absurde de ne pas y avoir pensé plus tôt – même si elle y avait déjà songé, seulement elle se trouvait toujours des excuses pour ne pas aller jusqu'au bout. Cette fois-ci, elle était décidée.
   D'un geste, elle se redressa, posa un regard aimant sur Onisim qui dormait devant elle, il semblait tracassé même dans son sommeil. Sans tarder, elle s'extirpa de la salle de classe où ils s'étaient cachés. D'un coup, brusquement, elle savait ce qu'elle avait à faire. Elle n'avait plus peur, plus d'excuse, plus rien d'autre que cette conviction que c'était la solution tant espérée. Il fallait qu'elle le fasse pour eux, pour les libérer de l'emprise de Viktor. Il fallait qu'elle lui crache toute la vérité à la gueule et qu'elle le fasse fuir, qu'elle l'éloigne comme une chienne gardant son os. Elle avait cette méchanceté en elle, cette cruauté. Hedda lui avait appris à manier le langage mais elle n'avait pas eu besoin de lui apprendre à vouloir blesser, viser juste là où ça faisait le plus mal. Alors elle se dirigea dans les couloirs, d'un pas décidé. « VIKTOR ! » Ses cris retentissaient dans tout le couloir, rebondissant contre les parois. Elle savait qu'il traînait toujours plus ou moins dans la même aile du château, près de la salle commune des Ombres. Pauvre petit Revenant, privé de toute la gloire qu'il était si persuadé de mériter, de cet avenir qu'il ne pouvait plus que regretter. « VIKTOR ! VIKTOR VASSILEV ! » Cet être abject si imbu de sa personne qu'il en écraserait bien son frère pour obtenir sa chance. Ça la rendait folle de rage, qu'il se pavane aux côtés d'Onisim comme si ce dernier lui devait quoi que ce soit. Personne ne lui devait rien, personne. Sa mort était un putain de cadeau pour l'humanité. « C'EST ENORA, ENORA BARJOW ! » Si ça, ça ne le poussait pas à se montrer, alors elle avait raté l'épisode dans lequel il la pardonnait d'un crime qu'elle n'avait même pas commis. Bon sang qu'est-ce que c'était tordu et injuste et douloureux et atroce. Putain de tragédie. « Je sais qui tu es, Barjow. » Malgré elle, son sang ne fit qu'un tour. Viktor.

   Elle se tourna vers lui, raide au possible. Elle l'avait déjà vu, de loin, mais c'était la première fois qu'il se trouvait juste en face d'elle. Si proche qu'elle pouvait analyser chacun de ses traits, et constater avec effroi qu'il ressemblait plus à Onisim qu'elle ne l'avait toujours supposé. Son regard glacial lui brûlait la peau, sous ses très longs cils noirs. Il avait le visage pâle, elle n'était pas certaine que cela soit dû à sa condition. Pourtant elle devinait que si ses lèvres se fendaient d'un large sourire, il devait avoir l'air rayonnant, éblouissant. Il semblait si sûr de lui, même lorsqu'il ne disait rien. Calme, serein, confiant. Elle avait peur mais c'était uniquement parce qu'elle craignait cette confrontation. Sinon il n'avait rien d'effrayant, elle se sentait même presque coupable de se dire qu'il était plutôt… attirant. En tout cas il dégageait quelque chose. Et ça la perturba, quelques instants. « Je me demande ce que penserait mon frère si il savait que tu te baladais toute seule à cette heure-ci. » Sa voix était chaude, maîtrisée. Soudain, elle comprit ce dont lui avait parlé Onisim : ça devait être épuisant d'être sans arrêt en compétition avec quelqu'un comme Viktor, il avait l'air d'avoir toutes les cartes en main. « On ne sait jamais sur quel esprit mal luné on peut tomber, hein? ironisa-t-elle. » Le choix des mots n'avait rien d'anodin, cela arracha même un rictus à son interlocuteur. « Tu m'ôtes les mots de la bouche. » Elle sourit, sarcastique. « Je sais me défendre, ça devrait aller. » « Oh, mais je n'en doute pas. Tiens, d'ailleurs, toutes mes condoléances pour ta meneuse. Il paraît que c'était une amie à toi. » Sa meilleure amie. Mais. Coup de poignard en pleine poitrine. Il cherchait à la déstabiliser, elle ne se laisserait pas faire. Si elle savait à quel point il était impliqué dans l'attaque qui a couté la vie à Erika, sa réaction n'aurait pas été la même. Elle se ressaisit. « Je doute sincèrement que tu en aies quelque chose à foutre, mais bon. » A nouveau, elle ne put guère interpréter son sourire. Elle n'avait aucune idée de ce qui se cachait sous la surface.

   Sa patience se faisait la malle, elle sentait monter la colère, la haine, la rage. Ça implosait dans sa poitrine, irradiant dans tout son être. « Il faut que tu le laisses tranquille, lâcha-t-elle. » Il n'était absolument pas surpris, même si il tenta de lui faire croire le contraire. « Pardon? » Elle n'était pas dupe, dommage pour lui. « Onisim. » Comme si ce n'était pas assez clair. « Tu lui pourris la vie depuis ton retour, il commençait à aller mieux, et à cause de toi, tout se casse encore une fois la gueule. » Pour eux, pour tout. Viktor avait ravivé des brûlures qu'ils s'étaient contentés de camoufler, de dérober à la vue de l'autre. Lorsque Enora avait appris ce que son petit-ami avait infligé à Hedda, elle lui avait trouvé des raisons, elle lui avait pardonné. Mais quand elle avait eu vent de ses petites affaires avec Theodore Nott, quelque chose en elle s'était brisé. Et elle n'en avait plus jamais parlé, trop apeurée à l'idée de ce que ça pourrait provoquer. Jusqu'à ce que le cataclysme Viktor ne débarque et ne saccage tout sur son passage, détruisant leur château de sable sans aucun scrupule. Ils n'étaient plus que cela, de vulgaires grains de sable emportés par le vent.
   Viktor lança l'offensive, virulent. « Parce que tu crois franchement qu'il allait bien? Tu devrais me remercier d'être arrivé juste à temps pour le sauver. » « C'est une blague. Tu crois qu'on avait besoin de toi? Je m'occupais de lui, je lui réapprenais à vivre normalement, à être heureux, et puis toi tu. » « Le bonheur ça ne s'invente pas. On n'a plus de famille, plus de maison, plus de boutique ; plus rien. Si tu penses qu'Onisim peut avancer sans tout ça, tu es encore plus stupide que je ne le pensais. » Il maniait les mots comme des armes, ce salopard. « On n'a pas besoin de toi pour se reconstruire, hurla-t-elle, durement. » Et puis de toutes façons, il arrivait trop tard, ils avaient déjà surmonté tellement d'épreuves qu'elle savait qu'ils pouvaient y arriver. Il fallait simplement que le frère prodige disparaisse. Pour toujours. « Laisse-nous tranquilles, ça le bousille de te voir, il faut que tu retournes d'où tu viens. » « Non. Il a besoin de moi. » « Mais arrête tes conneries putain ! C'est TOI qui as besoin de lui ! Alors arrête, tu ne trompes personne, encore moins moi. » « Tu peux croire ce qui t'arrange, mais si tu le sépares de son frère, il ne te pardonnera jamais. » Ça lui creva le coeur de réaliser qu'il avait sans doute raison. « Une fois mais pas deux, Barjow. » Quoi? Comment osait-il dire ça, sale enflure. Elle se jeta sur lui, l'agrippa à la gorge et serra de toutes ses forces, plaquant son corps contre le mur d'en face.
   L'adrénaline lui donnait toutes les forces dont elle avait besoin, et Viktor ne se débattait même pas. Son regard semblait fixé sur un point au-dessus de son épaule. « Je ne suis pas comme mon père ! Je ne suis pas comme lui, comme VOUS ! » Elle avait craché ce dernier mot, pleine de haine. Et bon sang, elle aurait juré que Viktor s'était mis à sourire, l'espace de quelques secondes, avant de se mettre à convulser. Elle serra plus fort, hurlant cette même phrase encore et encore jusqu'à ce qu'il s'effondre à ses pieds. Et alors seulement elle s'arrêta, haletante, sans comprendre pourquoi il ne se relevait pas. « Viktor? » Aucune réponse, son regard était devenu fixe, blanc. Elle ne comprenait pas. Mais. Il était déjà mort, c'était impossible, non, ça n'avait aucun sens. Elle ne pouvait pas l'avoir tué, puisqu'il était déjà mort. Il. était. déjà. mort. Panique. Respiration saccadée.

   Autour d'elle, le décor se mit à changer. De la neige avait commencé à tomber pendant qu'elle s'écharnait sur lui, et désormais tout était blanc, partout, aussi blanc et laiteux que les pupilles de Viktor. Des arbres, une forêt. Partout. L'hiver. Non. Impossible. Putain mais qu'est-ce qui se passait. Sa tête se mit à la lancer, elle avait mal, tellement mal. Non, elle n'avait rien fait, ce n'était pas elle. Ce n'était pas. Un loup. Là-bas, au loin. Est-ce qu'il allait les attaquer, là, maintenant? Parce que c'était la suite logique du scénario, pas vrai? Oui, elle se souvenait de l'histoire, elle la connaissait sur le bout des doigts et les loups devaient attaquer, déchirer la chair, broyer les os. Mais. Non, celui-là s'approcha lentement, sans un bruit, et puis il se mit à gémir comme si il souffrait. Il venait de derrière elle, et Enora ne put s'empêcher de penser que c'était ce loup que Viktor fixait avant de. Non. Et son regard bleuté, argenté, si intense, si profond, si… humain. « Onisim? risqua-t-elle, apeurée. » Le loup se tourna vers elle, et elle sut que c'était lui. « J'ai pas… C'est… Je… » Elle ne comprenait rien. « C'est pas moi, je ne l'ai pas tué, je te jure, j'ai » Non, ce n'était pas elle, pas vrai? Ça devrait être cette cargaison, Malefoy, son père. Mais pas elle. Non, ce n'était pas sa faute. « C'est pas moi, je ne l'ai pas tué » « Chuut, Enora, s'entendit-elle répondre doucement. » La panique la submergea, elle se mit à trembler, puis à se débattre dans tous les sens parce qu'elle sentait comme une cage se refermer autour d'elle. Prisonnière, elle s'agita violemment, hurlant que ce n'était pas sa faute. Ce n'était pas sa faute. « Enora! ENORA ! CALME-TOI ! C'est moi, c'est Onisim, tout va bien. Tout va bien. » Brutalement, elle rouvit les yeux.
   Elle se trouvait soudainement dans la salle de classe, de là où elle était partie tout à l'heure. Il lui fallut plusieurs minutes avant de comprendre que ce n'était qu'un rêve. Onisim s'était réveillé, il était venu s'asseoir à côté d'elle, l'avait attirée dans ses bras et depuis il ne la lâchait plus. Ils restèrent ainsi, en silence, pendant de longues minutes. « Qu'est-ce qui n'était pas ta faute? osa-t-il finalement demander. » Elle préféra garder les yeux fermés, prétendant qu'elle s'était endormie. Elle faisait ce rêve depuis plusieurs nuits, mais c'était la première fois qu'elle tuait Viktor, et que ça semblait si réel. Elle surveilla consciencieusement sa respiration, veillant à ce qu'il la croie endormie. Tout comme elle avait cru qu'il dormait quand elle avait murmuré à quel point ça la faisait souffrir, de l'aimer. Lui aussi, il avait mal. Mais jamais il ne le lui dirait, il aurait trop peur qu'elle aussi, elle l'entende. Et que ça ne lui lacère le coeur à peu près autant qu'à lui en ce moment.
   
   
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