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 Why don't you do right? ∇ Skandex

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Skander Blackwell
✝ ABYSSUS ABYSSUM INVOCAT
Skander Blackwell
✝ ABYSSUS ABYSSUM INVOCAT

HOMINUM REVELIO ϟ
Statut du sang : ImpurMessages : 3Date d'inscription : 02/03/2019Localisation : Bulgarie
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Ҩ Why don't you do right? ∇ Skandex Ҩ Dim 3 Mar 2019 - 19:11

like some
other men do

Why don't you do right, like some other men do? Get out of here and get me some money too? You're sitting there wondering what it's all about. You ain't got no money, they will put you out. @Decima Szekely


Son ombre se découpe à la lumière des réverbères. D’un pas nerveux il bifurque et s’élance dans une ruelle étroite, d’où une odeur nauséabonde s’échappe des poubelles éventrées qui traînent sur le trottoir. Débris de fioles étalés par terre, tapis de verre qui le guide jusqu’à sa destination. Ça crisse sous ses semelles. Bientôt les rires hystériques de ceux qui viennent juste de recevoir leur dose se mettront à résonner dans les rues.
Dehors tout empeste déjà la débauche et les vices, la nuit chargée d’orage rend la ville un peu plus électrique. Les néons grésillent sur les façades des boutiques, les rares qui résistent encore dans ce quartier dominé par la peur. Ne restent plus que les sorciers qui préfèrent fermer les yeux sur ce qui se trame en bas de la rue, ou ceux qui dévalent les quelques mètres les séparant du Cherna tous les soirs. Pas les types les plus clean de l’histoire, ceux-là sont partis depuis longtemps. Dès que tout a commencé, le bruit, les soupçons, les rumeurs. Les gens que ça dérangeait se sont barrés, de leur plein gré ou pas. Une autre population s’est mise à grouiller dans la zone, salissant encore un peu plus la réputation déjà peu glorieuse du quartier.

C’est ce qu’on lui a raconté en tout cas, quand il a mis les pieds dans la capitale. Il ne lui a pas fallu plus de deux jours avant d’entendre parler de la Svaboda, et de celle qui en maintient fermement les rênes. Son nom se murmure sur toutes les lèvres, dans les bas-fonds de Sofia. Forcément il a fallu qu’il s’approche Skander, l’enfant terrible. Toujours plus près des flammes, là où on envoie valser l’ennui. Mais ici le maître de la nuit c’est pas lui, il oublie trop souvent les règles du jeu. De son jeu à elle, Zharka. Ici on rigole pas avec ses lois, à chaque fois il se dit qu’il a retenu la leçon. Jusqu’à la prochaine connerie.
Il s’est brûlé plusieurs fois au contact de ces gens-là, mais il revient dès qu’on l’appelle. Impossible de résister, il est tel un loup sous l’influence des astres un soir de pleine lune. Il aime trop ça pour arrêter, c’est tout ce qu’il sait faire. Gâcher sa vie, inlassablement. Quand il est entouré des pires raclures de ce monde, tout prend un goût puissant mêlant dangers et emmerdes. Inimitable.

En vérité il a besoin d’argent, ce qui est toujours une bonne excuse pour se ramener au Cherna. Ce soir il a rendez-vous avec un des gars qui bosse pour la Velikova, qu’il repère au fond à gauche dès qu’il pousse la lourde porte d’entrée du cabaret. À l’intérieur c’est un autre monde, un univers fait de fumée, qui donne l’illusion que tout est possible. Il suffit de quelques gallions pour décoller, mais la chute est vertigineuse. Il a déjà essayé Skander, c’est pas trop son truc. Sa came à lui ne s’achète pas à la gorgée, c’est plus brut, plus primitif. L’iskra n’égalera jamais la sensation que lui procure le rush de l’adrénaline dans ses veines, quand il cogne, fracasse. Tue. Pour lui il n’y a rien de plus authentique que ça, et le crime est une drogue à laquelle il est déjà accro depuis longtemps.
Il ne fait pas attention au reste, l’Anglais, il fonce rejoindre ce type, qui a l’air nerveux quand il le voit arriver. « C’est fait, il déclare, sans plus de détails. » L’autre comprend, acquiesce. « Quand ? » ça l’irrite quand on lui pose trop de questions, mais il est à sec alors il fait l’effort de ne pas paraître trop agacé. « Ce matin. » Le gars semble surpris. « Déjà ? » « J’ai eu une occasion. Je l’ai saisie. » Dans son business y a pas la place pour les remords ; le client n’a qu’une décision à prendre, et il se charge du reste.

« T’as ce que je t’ai demandé ? » Skander réclame, le regard glissant soudainement vers la scène. Sous les projecteurs, une femme est assise derrière un piano. Il ne décèle que sa chevelure brune, chatoyant sous les effets de lumière. Elle se prépare à jouer. Bientôt, les premières notes emplissent la salle et il y a comme cette chaleur qui semble émaner d’elle, elle a des étincelles dans la voix quand elle se met à chanter, suave, envoûtante. Dans sa cage thoracique, son cœur crépite.
Il se retourne vers son débiteur, s’arrachant difficilement au magnétisme de cette femme. « Alors ? il réitère, une fois mais pas deux. » « Je… J’en ai une partie. » Cette fois ça lui fout les nerfs pour de bon, il le fixe d’un air mauvais. « Et l’autre partie, hein ? » « J’ai déjà payé la moitié à notre première rencontre, je » « C’est les règles, pauvre con. T’as besoin de mes services, tu payes. » « Ce mois-ci, je, je peux pas. » Skander se redresse, tape de son poing sur la table et se penche en avant, menaçant. Derrière lui, la musique semble accélérer, vibrer plus fort. « J’ai besoin de ce fric. Maintenant, il gueule. » L’autre balbutie des excuses incompréhensibles, putain d’enflure. D’un geste brusque, Blackwell l’agrippe par le col et lui claque la tête contre la table. Il s’apprête à lui asséner un nouveau coup quand il sent plusieurs regards tournés sur lui, dont un en particulier. Il relève le menton et il la voit, dans l’encablure de la porte. Zharka. Elle le fixe de son regard glacial, implacable, jusqu’à ce qu’il relâche sa proie. « Je te donne une semaine, il crache, avant de s’en aller. »

La porte claque derrière lui, il s’arrête une seconde, tend l’oreille. Le morceau se termine, encore quelques notes, puissantes, et le public applaudit. Bande de cons. Skander s’adosse contre le mur de briques, à l’entrée de ce bordel déguisé. Inspire, expire, le temps de se calmer. Quelques minutes s’écoulent, avant que quelqu’un ne se glisse dans la nuit noire au-dehors. Il veut s’en aller mais quelque chose le retient ; c’est là qu’il la voit. Il devine tout de suite que c’était elle, la chanteuse. Elle a cette allure provocatrice, même quand elle s’approche sans un mot. C’est subtil, cet arôme qui l’enveloppe, mais ça le prend aux tripes alors il reste cloué sur place, il oublie de s’enfuir. En un battement de cils il comprend que c’est trop tard, elle l’a piégé comme une mouche. Emmêlé dans sa toile, il est trop intrigué pour faire mine de se débattre. « Le show est terminé ? il demande, plongeant ses yeux dans les siens, goulument, comme pour lui croquer un bout d’âme. Et maintenant, c’est quoi la suite du programme ? » Lui, il a bien quelques petites idées.


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