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 — Si vis pacem para bellum (moryaltzin)

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Mordred A. Dolohov
✝ ABYSSUS ABYSSUM INVOCAT
Mordred A. Dolohov
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HOMINUM REVELIO ϟ
Statut du sang : PurMessages : 312Date d'inscription : 07/02/2016Localisation : Domovoï's Rock.
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Ҩ — Si vis pacem para bellum (moryaltzin) Ҩ Lun 12 Mar 2018 - 22:42

SI VIS PACEM PARA BELLUM
Ameyaltzin & Mordred


Serments rompus étalés à ses pieds, cadavres de rêves morts, d'illusions brisées. Il lui avait tout promis pourtant, il avait teinté ses espoirs d'or et d'argent. Reflets dorés d'un avenir qu'il regrettait presque de lui avoir fait miroiter, finalement peut-être bien que ce n'était pas si nécessaire, pas si important. Il ne savait plus ce qui était le mieux pour elle, entre ce qu'il lui avait toujours manqué et ce dont elle n'avait jamais vraiment eu besoin ; un peu de cette magie qui depuis le berceau lui glissait des mains. Ce qui semblait indispensable hier encore l'était bien moins aujourd'hui, à l'heure où elle le condamnait à la regarder s'empoisonner petit à petit, et tout ça pour quoi, pour qui? Tout ça pour lui. A cause de lui.
Sa poupée cassée, à la peau-porcelaine ébréchée, sans éclat. Jolie fille ternie par le poids de la vie, et par les exigences des autres. Jamais suffisante Asphalt, c'est ce qu'il lui avait fait croire lui aussi, pendant trop longtemps pour qu'elle l'oublie. Comme une envie violente de revenir en arrière, de gommer les ratures dans leur histoire et de tout reprendre, ligne par ligne chapitre après chapitre. Ravaler les mots trop durs qu'il lui avait maintes fois crachés au visage, réécrire ce refrain qui tournait en boucle dans sa tête, putain de rengaine. Comme une gangrène, ça la rongeait de l'intérieur et il avait laissé faire ; il s'était infiltré sous la chair à vif pour enfoncer ses ongles dans chacune de ses blessures, raviver toutes ses brûlures. Rendre la douleur permanente, pour ne pas être le seul à avoir mal jusque dans les os. Mal de ne pas être celui qu'il fallait. Les gosses de trop, de trop peu. Les gosses dont personne ne voulait.

Ce n'était plus pareil désormais. Un soir sur cette île maudite toute la poussière s'était retirée de sur ses yeux et pour la première fois il l'avait vue ; Asphalt, pas la cracmolle. Ça l'avait frappé de plein fouet, la vérité s'abattant sur lui comme de la foudre une nuit d'orage. Electrifiante, elle avait laissé une marque incandescente sur sa conscience et il s'était mis à la voir partout. Ah, la vérité, cruelle vérité. En ces heures assassines elle se faisait un plaisir de valser dans son coeur pour l'obliger à se serrer dès que la musique de ses regrets se mettait à résonner un peu plus fort.
Et toujours ce même regard sombre que sa fiancée lui lançait, un petit air cynique, presque tragique, quand elle lui servait ses reproches sur un plateau d'argent. Tiens mange mon amour, dévore-moi le coeur de tes ambitions foireuses. Mon âme en hors-d'oeuvre et mon corps en dessert. Petites piques caustiques lâchées à dessein pour se venger de toutes ces années de silence. Du défi plein les lèvres quand elle lui crachait « alors c'est ça l'avenir que tu m'as promis? de l'acide dans les veines et mon pouls qui ralentit jusqu'à se figer », presque plus d'étincelles au fond de ses yeux quand la noirceur de l'iskra s'y installait pour y occuper toute la place. Tableau éventré de toutes ses belles promesses que la dure réalité avait effilochées, disloquées. Dans ses grands calculs savants il n'avait pas prévu que la magie leur coûterait si cher, et pourtant goutte après goutte Asphalt se noyait sous les conséquences de ses actes.

S'il avait trouvé le collier par hasard, sa présence dans ce bar n'avait quant à elle rien de fortuit. Il fallait qu'il la trouve, qu'il déterre ce fantôme que son arrivée dans la vie d'Asphalt avait propulsé dans une tombe de verre. Un coup de pioche dans la paroi pour faire voler en éclat des secrets qu'il faudrait sans doute lui arracher. Elle l'avait prévenu, Asphalt, que l'autre était douée pour se défiler, pour revêtir une robe de mensonges et semer les curieux sous les drapés. Elle avait tenté de savoir ce qu'il lui voulait, si la visite qu'Ameyaltzin lui avait rendue en prison avait déclenché son courroux. Car la peur était là malgré tout, malgré la rébellion dans ses prunelles injectées de sang et ses invectives amères. Quand le poison s'effaçait de son esprit les mêmes démons revenaient la hanter, resurgissant à la surface comme des créatures ignobles recrachées de ses entrailles. Ne me laisse pas Mordred, ne me laisse pas comme ça. Regarde ce que tes belles paroles ont fait de moi. Ses craintes et ses maux, vomis à ses pieds, tapis de fleurs fanées.
Mais il n'avait rien dit, emmuré dans son traditionnel silence, celui qui rugissait au fond de lui depuis les siècles des siècles. Adonis ressuscité, extirpé hors de sa prison de rouille parce que comme à l'accoutumée il fallait réparer ce que Mordred avait cassé. Savait-il seulement créer autre chose que des ruines, façonner autre chose que des monstres? Élucubrations chassées d'un revers de la main par le Greengrass qui revenait brutalement à la surface, s'avançant calmement vers l'inconnue à la chevelure d'ébène. Il posa la main d'un geste lent sur la chaise à côté d'elle, « Je peux? » fit-il sans réellement attendre d'autorisation avant de s'installer. Mais il avait l'air si tranquille Greengrass, toujours à garder la face, la bonne face, celle qui camouflait le monstre hideux sous des traits si lisses. « On m'a dit que vous pourriez me renseigner sur une magie bien particulière. » Voix maîtrisée, contrôle qui lui échappait depuis bien trop longtemps. Mordred enfoui dans sa chair, prisonnier de son alter-ego. Ses doigts agrippés à ses côtes, secouant sa cage d'os et hurlant à l'intérieur, là où personne ne pouvait l'entendre. C'était Adonis le négociateur, le beau parleur, le visage à présenter au monder entier pour leurrer, tromper. Mentir, aux autres et à lui-même. Parfois lui non plus ne savait plus vraiment, lequel des deux il était vraiment. « Il me semble que ceci vous appartient. » Vieille relique sortie de la poche de son costume trop bien repassé, doucement déposée sur la table devant eux. Son regard resta accroché au collier, avant d'enfin venir se heurter au sien.

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Ameyaltzin Mikistli
♠ AD ASTRA PER ASPERA
Ameyaltzin Mikistli
♠ AD ASTRA PER ASPERA

HOMINUM REVELIO ϟ
Statut du sang : PurMessages : 148Date d'inscription : 29/10/2017Localisation : Sofia
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Ҩ Re: — Si vis pacem para bellum (moryaltzin) Ҩ Mar 10 Juil 2018 - 10:36

Le ciel est en sang, ça me fait un drôle d’effet quand j’essaie d’attraper la lune avec mes doigts mutilés. Rouge sur rouge, c’est du crépuscule liquide qui dégouline sur la peau, un morceau de moi qui brûle sur l’autel, encore et encore et jamais assez lorsque je refuse de tuer. Le couteau glisse sur mes paupières, au fond ça fera toujours moins mal que les larmes qui menacent de s’écouler. Rituel oppressant, imprégner le tissu blanc, l’enflammer et l’offrir au ciel, l’offrir aux dieux, accordez-moi encore un peu le droit de me sentir exister. Il y a eu l’eau sur mon corps ce soir, laver ce qui fait mal, m’y noyer. Cinglée. Le mot tranche encore, ça me percute en plein cœur à chaque fois que j’y pense, il y a l’estomac qui se tord et l’envie de disparaître pour de bon. Elle a touché la cible Amatis, tiré son unique flèche après m’avoir poussée à baisser ma garde. Cinglée, foutue cinglée. Parce que c’est la dysharmonie qui joue dans mon esprit, des instruments mal accordés, cruauté et bonté en cacophonie, force et faiblesse qui s’escaladent. Elle avait l’air si douce Amatis, désarmée par la drogue et l’alcool que je lui ai fait avaler, elle avait l’air trop humaine Amatis, trop vibrante pour que je puisse tout arracher.
Respire.
Il devrait y avoir son sang sur la lame, son sang à elle, pas mes failles.

Respire.
Il faut que tout s’accélère, que je me disloque contre la réalité, je veux défier le monde jusqu’au petit jour, briller sous leurs regards, par pitié disséquez-moi toute entière mais ne me laissez pas disparaître. Je veux tanguer sur mes talons hauts, être illuminée par les lumières du soir, regarde-toi Ame, regarde-les, est-ce qu’ils voient la laideur sous les dorures eux aussi, est-ce qu’il voit ce qu’elle a vu Amatis ? Je me souviens de ses yeux au matin, l’horreur glacée lorsqu’elle a deviné, lorsqu’elle a compris la vérité.

Le bar est aussi chaleureux qu’on peut l’être dans ce pays et pourtant je me sens geler quand je sirote le cocktail hors de prix en ignorant les regards qui effleurent ma peau. Je ne sais même pas pourquoi je suis sortie. Sûrement aurais-je mérité de rester enfermée avec la peine qui m’a explosé en plein visage, la laisser brûler chaque parcelle de mon esprit. Avant j’éclaboussais les autres de lumière quitte à perdre la mienne. Aujourd’hui j’ai un trou noir dans le cœur qui l’absorbe toute entière. Pourquoi ? Il y a des feuilles mortes dans ma tête, j’ai l’impression de voir mon âme faner, rose rouge dans mon épiderme, les épines font perler le sang.
J’ai choisi ce chemin pour ne plus jamais tomber
Dans ce monde là il fait si froid
Je vais encore heurter le sol.

«  Je peux? » Je sursaute, un homme prend place, j’esquive encore un peu son regard. Pourquoi pas après tout ? à quoi bon rester fidèle à un souvenir, Swa’ran et  ses absences qui me laissent cassée à chaque fois. Pourquoi est-ce que je ne m’y mettrais pas moi aussi, glisser dans les bras d’un inconnu et laisser la nuit emporter douleur et dignité? Il a l’air tranquille, les traits lisses, un beau visage, ressemble à un homme riche. Et cette vie là Ame, ça te plairait ? Tout ce que tu pourrais désirer en un claquement de doigt, sans plus jamais avoir à traquer. Je frissonne. Il y a quelque chose dans son regard, quelque chose de trop profond, trop dangereux, de la violence dissimulée quelque part sans que je ne puisse la toucher. Les dieux et les monstres portent le même visage, les mêmes abysses dans les yeux. Qu’est-ce que tu veux ? « On m'a dit que vous pourriez me renseigner sur une magie bien particulière. » ça me frappe en plein cœur, un coup qui me donne envie de fuir un peu plus loin encore quand mon esprit se met à divaguer, imagine le pire sans oser tout à fait le formuler. « Il me semble que ceci vous appartient. » et soudain tout s’éclaire. Asphalt. Asphalt et celui qui la tien fermement enchaînée. Un élan de haine me traverse, injustifié, une rancœur jalouse qui teinte de mépris le peu de pensées cohérentes qui me secouent encore. Le collier me brûle les yeux, trahison étalée devant moi. Qu’est-ce que tu veux ? Savoir comment on devient ce que je suis ? Savoir comment en payer le prix ? Le regard plongé dans le sien, je souris, poliment, un peu bêtement, portrait d’une femme trop écervelée pour qu’on puisse s’en méfier. Le Mexique et les couleurs des rues dansent dans ma tête, douce amere prisonnière des erreurs de mes ancêtres. Improviser, gagner du temps, ne surtout pas se laisser submerger. «Je suis désolée, je n’ai jamais possédé un tel objet. » Sourire poli, battement de cil, poupée stupide. Il faut qu’il s’éloigne.  «Ce n'est qu’une babiole, un jouet. Vendu aux touristes pour les faire fantasmer sur les mythes qu’on leur a raconté. » Eclat de rire, bien dosé. C’est le théatre qui m’étouffe encore, caméléon devenu fou à force de s’adapter à la couleur des autres. Il ne me croit pas Mordred, ça se sent ça se voit, alors le regard se fait papillonnant, le sourire un peu plus grand, l’épaule se dénude subitlement quand je me penche vers lui. Tout sera bon pour gagner un peu de temps. «Entre nous, si vous cherchiez une façon de m’aborder, vous auriez pu opter pour plus de simplicité » Narcisse m’emporte, mensonge qui me dégoûte. Je hais la façon dont mon corps se cambre lentement, je hais être cet objet que les hommes se plaisent à regarder mais que les rois tels que toi préfèrent ignorer. Pas à la hauteur, jamais, et pourtant ce soir c’est à qui gagnera les premières manches. Le couteau sous la langue, j’attend le bon moment pour frapper, assassiner, effacer enfin tout ce que me rattache encore au passé.

Il y a un masque de sang collé à mon visage, dis, est ce que tu peux le voir toi aussi ?


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