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 Even when the music's gone || Enodda

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Enora Barjow
Ψ DUM SPIRO SPERO
Enora Barjow
Ψ DUM SPIRO SPERO

HOMINUM REVELIO ϟ
Statut du sang : PurMessages : 496Date d'inscription : 02/11/2014Localisation : Cachée
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Ҩ Even when the music's gone || Enodda Ҩ Mar 13 Mar 2018 - 14:40

11 Février 2000
Elle avait du mal à se souvenir de quand ça avait commencé. Ou, recommencé. Il lui semblait que c'était terminé pourtant, depuis longtemps. Mais c'était bien là, ancré dans son estomac. Du mal à respirer, du mal à penser. En fait, elle n'avait jamais vraiment oublié ce que ça faisait.
Enora se recroquevilla dans le noir. Elle rechignait à laisser entrer l'air dans ses poumons, comme si elle craignait que la nuit ne l'étouffe pour de bon si elle la faisait entrer à l'intérieur. Son cœur battait trop vite et elle n'avait plus de force ; impossible de se souvenir comment, pourquoi. Sentiment insoutenable que quelque chose était sur le point de se passer. Il fallait partir mais elle ne pouvait pas, elle était toute seule.
Non.
Brutale prise de conscience ; une autre respiration, rauque, était calquée sur la sienne. De plus en plus distinct à mesure qu'un pas sourd se rapprochait, le souffle vint lui chatouiller la nuque et dans un sursaut terrifié, la jeune femme se retourna sur le sol glacé ; l'obscurité avait déjà englouti la silhouette. Elle sentait sa présence, pourtant, le grondement était toujours là. Proche. Son parfum lui était familier. Sa peau la picotait là où elle avait senti la respiration ; hésitante, elle porta une main à son cou. Un hoquet de surprise s'échappa d'entre ses lèvres lorsque la chaleur poisseuse du sang lui glissa sur les doigts ; elle se redressa sur les coudes et voulut ramper en arrière mais ses épaules se heurtèrent presque aussitôt aux pierres impitoyables du haut mur du couloir. On ne la laisserait pas s'échapper.

Les yeux écarquillés d'effroi, elle regarda la pénombre se déchirer devant elle pour dévoiler deux rangées de crocs et des prunelles brillantes de cruauté.

Son cœur battait trop vite ; elle avait chaud, trop chaud, la panique lui embrouillait les sens et elle ne réalisait même pas à quel point se débattre était vain ; ses mouvements étaient entravés, ses cris perdus dans le silence ; et l'autre semblait jubiler, se régaler de sa terreur. Elle l'imaginait sourire, et il y avait l'odeur, cette odeur qu'elle respirait à pleins poumons, qui l'emplissait toute entière.

L'inspiration qu'elle prit en ouvrant les yeux lui déchira la gorge ; son cœur était à l'agonie dans sa poitrine mais elle se débattait toujours, elle n'y voyait rien alors elle secouait la tête, elle « Enora ! » La voix la fit hésiter, quelques dixièmes de secondes, tandis qu'elle scrutait l'obscurité proche pour distinguer quelque chose, quelqu'un. On profita de sa soudaine immobilité pour saisir ses poignets avec fermeté, l'empêcher de ruer de coups tout ce qui se trouvait à portée. Le souffle court, l'ex-gryffondor distingua quelques reflets sur une chevelure blonde et la voix qui retentit à nouveau acheva de la convaincre « C'est moi. Calme-toi. » Hedda.

Enora resta immobile, plusieurs secondes, cherchant sa respiration. Dès qu'elle fut sûre que la jeune femme n'allait pas se remettre à se débattre en hurlant, la norvégienne lui lâcha les poignets et se réinstalla dans les couvertures avant de l'attirer contre elle. Encore sonnée, Enora se réfugia entre ses bras. Elle tremblait de tous ses membres, s'agrippait comme à une bouée de sauvetage à son amie. Quelques secondes passèrent et puis, sans prévenir, les sanglots lui déchirèrent la poitrine. Elle cacha son visage au creux du cou de la Sorensen, qui glissa une main dans ses cheveux en murmurant quelques paroles que, elle le savait, Enora n'était pas capable d'entendre pour l'instant. Elle savait très bien ce qui se passait, c'était loin d'être la première fois – depuis la guerre, elle n'était plus capable de dormir toute seule. Au début, c'était comme ça toutes les nuits. Ca faisait longtemps, pourtant.

Elle avait cru que c'était terminé. Des mois et des mois pour se reconstruire, pour réapprendre à vivre normalement, un pas après l'autre. Elle avait cru que ses démons finiraient par redevenir ce qu'ils devaient être : des fantômes de son passé, loin derrière. Inoffensifs. Elles les avaient combattus, toutes les deux, mais ils revenaient toujours. Il revenait toujours. Même cette fois-ci, après des semaines de tranquillité. Elle se recroquevilla un peu plus ; est-ce que ça allait finir par s'arrêter ?
Hedda lui parlait tout doucement, calmant peu à peu ses pleurs. Sa voix était apaisante, vainquait inlassablement ces peurs revenues à la charge et contre lesquelles Enora était toujours aussi démunie. De ses gestes, Hedda reformait patiemment autour d'elles la bulle de sécurité qui, seule, avait permis à la Barjow de réapprendre à respirer après la guerre, après Onisim, après elle-même aussi, surtout. Progressivement, elle se laissait à nouveau convaincre qu'il n'y avait plus rien à craindre. Pas ici, pas entre les bras de son amie.
Elle finit par souffler, doucement, les paupières closes. C'était terminé.

Enora ne bougeait plus, pourtant. Elle n'en avait pas envie. Sa tête reposait au creux de l'épaule de Hedda et elle se lovait contre elle sans rien dire. Comme les autres fois, elle avait le sentiment qu'il fallait dire quelque chose, même si la norvégienne lui avait dit des dizaines de fois qu'elle ne voulait ni excuse ni remerciement. Pourtant c'était bien ce qu'elle ressentait, Enora ; elle avait profondément honte et elle savait qu'aucun mot ne serait à la hauteur de toute la reconnaissance qu'elle éprouvait. « Je... » sa voix était rauque ; elle chercha ses mots, quelques secondes. Ne les trouva pas. « Je sais. » Vraiment ? Elle-même ne savait pas, pourtant, pas trop. Elle avait du mal à comprendre, à cerner. Mais Hedda savait. Peut-être que ce n'était pas grave alors, de ne pas avoir les mots pour dire merci. Peut-être même que ce n'était pas merci qu'il fallait dire. Dans un soupir intérieur, Barjow fille lova son visage contre l'épaule de son amie et ferma les yeux, écoutant en silence les battements apaisants de son coeur. Bercée par sa respiration régulière, elle finit par laisser le sommeil l'entraîner à nouveau.

Le lendemain
La fumée se dissipa dans l'air matinal, lorsque la britannique la souffla à l'extérieur par l'ouverture de la vitre. Une tasse de café dans une main, sa cigarette dans l'autre, elle s'était installée sur le rebord de la fenêtre, le dos et les pieds calés contre les murs de chaque côté de l'encadrement. La caféine dissipait lentement le voile de sommeil qui recouvrait ses pensées, chassant peu à peu les images de ses cauchemars qui tapissaient toujours le revers de ses paupières lorsqu'elle les fermait une seconde de trop. Le courant d'air frais qui pénétrait dans la pièce par l'ouverture du battant la faisait doucement frissonner, mais elle ne craignait plus le froid, plus autant qu'avant. L'année dernière à la même époque, lorsqu'elle restait un peu trop longtemps dehors, elle ne sentait plus ses doigts. Il ne faisait pas ce temps là, en Angleterre. Jamais elle ne l'aurait cru en le quittant, mais parfois, son pays lui manquait. Ses amis, aussi. Elle savait qu'Ethan et Rain se portaient bien, ils s'écrivaient régulièrement. Les deux gryffondors n'avaient pas insisté lorsqu'elle avait décliné leur proposition de les rejoindre à Dublin, de quitter cette terre de malheur, et ce monde trop dangereux pour eux. Ils avaient assez sacrifié, disaient-ils, et ils avaient raison. Elle, elle n'avait plus grand chose à donner, de toute façon. Plus grand chose à perdre non-plus, sinon une vie en laquelle elle essayait de croire avec acharnement. Et Hedda, sans qui elle ne serait pas là, de qui elle ne pouvait imaginer se séparer. La norvégienne était ce qu'Enora avait de plus précieux, ce qui était le plus cher à son coeur. C'était pour elle qu'elle n'essayait pas de quitter le pays, qu'elle restait, animée à la fois par le désir de prendre soin d'elle comme la Sorensen l'avait fait - et le faisait toujours -, et l'égoïste besoin de l'avoir auprès d'elle, parce que la laisser était trop difficile et trop effrayant. Peut-être qu'il aurait été plus simple de rejoindre Rain et Ethan de l'autre côté de l'Europe, qu'elle aurait été plus tranquille dans une ville où elle n'aurait pas eu à craindre de croiser son agresseur ; mais une ville où Hedda n'était pas était une ville où elle était seule, et de cela il en était hors de question. Elle n'en avait tout simplement pas la force, et pas le courage.

Au monde magique, elle y avait renoncé, pourtant. Depuis qu'elle avait recommencé à sortir, elle n'avait presque pas mis les pieds dans la partie sorcière de Sofia. Le côté moldu avait été son refuge, quand elle avait osé mettre un pied en dehors du cocon qu'elle avait construit avec Hedda, dans cette maison qui n'avait au début pas grand chose de rassurant. Quelques rencontres fortuites, des occasions saisies, un peu au hasard, en se laissant conduire par un courant que peu de gens étaient capables de distinguer ; elle était devenue contrebandière, créatrice de Faux pour un petit groupe de malfaiteurs. La magie lui permettait de reproduire des œuvres d'art à la perfection, ce qui lui avait vite valu une réputation dans le milieu. En à peine quelques mois, elle avait acquis une stabilité qu'elle n'avait même pas cherchée. Sa vie se remettait sur ses rails, lentement mais sûrement. Tout ça, c'était grâce à Hedda.
Enora s'était réveillée avant l'aube, et elle était sortie de la chambre sur la pointe des pieds pour la laisser dormir. Elle savait pertinemment qu'elle n'était pas facile à vivre tous les jours et que tout ceci était compliqué à gérer pour la norvégienne, qui devait en plus s'adapter à son nouveau statut dans la société. Enora se sentait profondément révoltée par tout ceci ; c'était aussi la raison pour laquelle elle avait fui le monde magique. Elle n'y reconnaissait plus rien, et n'y avait assurément plus sa place. Tout ce qui l'y rattachait, c'était Hedda.

Lorsque la fine silhouette de la sorcière apparut dans l'encadrement de la porte, la britannique tourna la tête vers elle et dessina un maigre sourire sur ses lèvres en croisant furtivement son regard, qu'elle ne soutint pas. La honte de cette nuit ne l'avait pas quittée. C'était toujours pareil lorsque ça se produisait. Elle aurait bien dit quelque chose ; un genre de bonjour, bien dormi ? dont il était coutume de s'embarrasser lorsque l'on vivait ensemble. Mais elles n'avaient jamais fonctionné comme ça, toutes les deux ; les choses qu'elles n'avaient pas besoin de dire, elles ne les disaient pas, et les silences parlaient pour elles, souvent. « J'ai fait du café, si tu veux. » dit-elle, tout de même, parce que ce matin elle n'était pas certaine d'avoir très envie que le silence parle à sa place. Il y avait certaines chose qu'elle avait besoin de dire elle-même, parce qu'il lui fallait parfois se rappeler qu'Hedda était capable de l'entendre.
L'ancienne Flamme finit sa cigarette qu'elle abandonna dans le cendrier près de la fenêtre, et alla s'asseoir près de son amie sur le canapé. Elles ne travaillaient ni l'une ni l'autre, aujourd'hui. Aucune obligation ne repousserait à plus tard le moment d'avoir cette conversation. Ramenant contre elle ses jambes qu'elle enserra de ses bras, Enora se mit à fixer un point sur le visage délicat de l'ex-meneuse, juste sous ses yeux qu'elle n'osait pas soutenir. La blonde avait les traits tirés par la fatigue, mais le regard clair de ceux qui sont réveillés depuis un certain temps déjà. « Je t'ai réveillée. J'ai essayé de ne pas faire de bruit en me levant, je suis désolée. » Désolée, elle ne savait même pas comment dire à quel point. Pour ce matin, pour cette nuit, et toutes celles d'avant. Pour la vie infernale qu'elle lui faisait mener alors que le temps devrait être au repos depuis de longs mois ; elle s'était enchaînée à sa cheville, et elle n'était même pas capable de lui proposer de la libérer de ce poids. Quand bien même elle savait qu'Hedda n'accepterait jamais, ça lui faisait beaucoup trop peur.
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