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 — Drowning to silence the internal violence (evenko)

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L. Senko Bliznakov
♠ AD ASTRA PER ASPERA
L. Senko Bliznakov
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HOMINUM REVELIO ϟ
Messages : 24Date d'inscription : 13/08/2018Localisation : Sofia
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Ҩ — Drowning to silence the internal violence (evenko) Ҩ Lun 3 Sep 2018 - 22:11

i feel just like you
EVA ESPERANZA & SENKO BLIZNAKOV

«  It's the dark of night and I'm at the end of the line. Alone in my head and waiting for something divine to answer me. If I'm living my life then why does it feel like my heart, will break in two? Failure is calling as my dreams are falling apart »
Kyrielle de notes en fond sonore, rires discrets et champagne que l’on versait pompeusement dans les flûtes, il n’était pas exactement certain d’être dans son élément. L’hypocrisie peinte sur chaque expression du serveur, sa manie de se pointer au beau milieu d’une conversation qui devenait intéressante, Senko abhorrait cet endroit presque autant que ce qu’il était venu y faire. Peu importe à quel point il détestait s’abaisser à la manipulation, cet art était devenu sa passion favorite ces derniers temps. La mort de Selena ne lui avait pas vraiment laissé le choix, entraînant avec elle son lot de complications. Il avait fallu s’assurer que le masque d’impassibilité était bien accroché à son visage, il ne pouvait rien laisser transparaître de l’angoisse qui l’avait pris à la gorge lorsqu’il avait appris qu’une enquête avait été ouverte pour tirer cette affaire au clair. Les soupçons se portaient naturellement sur l’un des individus suspects sur lesquels elle investiguait, notamment sur un infiltré étranger au ministère bulgare, relayant des informations par-delà les frontières. Il avait fallu agir vite et bien, prendre les choses en main, et préserver la vérité, coûte que coûte. Et si le prix à payer pour éviter que son rôle ne soit révélé était un dîner à l’addition salée, alors soit. Ce n’était pas franchement comme si d’autres options s’offraient à lui, même s’il devait reconnaître que coincer ce Dolohov s’avérait bien plus compliqué qu’il ne l’avait d’abord pensé. Il avait la fâcheuse tendance de sous-estimer l’intelligence de ses collègues, mais il fallait croire que Selena n’était pas aussi peu fûtée qu’elle n’en avait l’air. Ça lui servirait de leçon. Néanmoins, ses efforts pour remonter la trace du criminel étaient sur le point d’aboutir à une piste concrète.

Il creusait sous la surface, Senko, à la recherche des secrets que la jeune femme gardait précieusement enfouis en elle, comme un coffre-fort renfermant un trésor maudit. Questions posées à dessein pour la déstabiliser, l’embrouiller, atténuer la limite entre chacun de ses mensonges et les vérités qu’ils étaient chargés de dissimuler. Curiosité mal placée, parfois, simplement pour provoquer une réaction, quoi que ce soit qui la ferait sortir de ses gonds. Il avait passé au crible toutes les failles de la belle fable qu’elle lui avait racontée, c’était une bonne partie de sa vie qu’elle avait dû réinventer, ajuster, effacer. Sous le regard attentif de l’Auror, elle avait su trouver les mots pour l’éloigner de l’authentique réalité. Elle était perspicace, « Vespera », et il avait dû redoubler de vigilance à quelques reprises. Il pouvait lire partout sur son visage fané la méfiance qu’elle dégueulait à la face de l’humanité. C’était une femme bien trop usée, désabusée. Un diamant brut, tranchant. L’éclat dans l’œil trop vif, qui s’accrochait à chacun de ses mouvements. Elle souriait comme pour faire plaisir, comme pour divertir, distraire. Il avait beau semer la confusion dans son esprit, c’était toujours elle qui empruntait les plus longs détours pour l’éloigner du chemin de la vérité. Battements de cils trop noirs, lourds des horreurs qui se reflétaient encore dans son regard, lorsqu’elle l’autorisait à s’y plonger pour y voir, trop clairement, tout l’espoir qui l’avait quitté. Et tous les rires qu’elle feignait n’y changeraient rien, elle avait le cœur éteint.

Il n’avait pas vu les heures passer, ni le restaurant désemplir petit à petit derrière eux. Il n’avait pas vu grand-chose, si ce n’était ce visage face à lui, champs de ruines d’une cité qui ne pouvait qu’appartenir aux dieux. L’Olympe détruite, saccagée, des vestiges d’une beauté séraphique étalés çà et là sur sa peau. Il ne sut pas précisément combien de fois il avait détourné les yeux pour ne pas se perdre sur la carte qui se déroulait devant lui, à la recherche de quelque chose qu’il ne s’attendait plus à trouver. C’était presque une délivrance quand il avait fallu quitter la salle, échapper quelques instants à son aura trop vive. Elle dégageait un charme particulier, un doux mélange de sublime et de tragique. Parfait équilibre entre force et fragilité, funambule qui vacillait d’un côté puis de l’autre, sans jamais ne rien laisser au hasard. Maîtrise impressionnante de la situation, elle était une adversaire de taille pour un homme comme lui, un homme un peu trop comme elle. Ça le frappa dès qu’ils eurent franchi la porte, à quel point elle semblait jouer avec le feu, elle aussi, à quel point son monde pouvait se fendre en deux pour une simple erreur, un vulgaire mot prononcé trop vite. Une vérité qui pouvait lui échapper sans le vouloir, si elle baissait la garde l’espace d’une seconde. Et il s’en voulut, rien qu’un instant, d’espérer qu’elle commette l’erreur qui lui coûterait absolument tout.
Il aurait aimé ne pas avoir à se servir d’elle, mais trop de choses dépendaient de la réussite de sa mission. A commencer par la sécurité de sa petite sœur, déjà bien trop compromise. Il ravala ses grands idéaux pour laisser ses démons les digérer, jusqu’à ce qu’ils soient repus. Il était loin d’être l’homme bien qu’il avait toujours espéré devenir un jour, alors autant ne pas prétendre que cette cause n’était pas déjà perdue. Il lui servit un sourire charmeur, de quoi la leurrer encore un peu. « J’espère que vous avez passé une agréable soirée. » Vu le nombre de gallions qu’elle lui avait coûté, le contraire serait plutôt ironique. Il se racla la gorge, évitant de songer qu’il avait claqué plus d’argent en une seule soirée qu’il n’en dépensait généralement sur une semaine. « La prochaine fois, peut-être que l’on pourrait choisir un restaurant où les serveurs sont un peu moins intrusifs, plaisanta-t-il doucement. » Il tâtait le terrain, non découragé de ne pas avoir déterré les informations qu’il cherchait du premier coup. Cela demandait du temps, d’obtenir la confiance d’une personne comme elle. Mais Senko possédait une patience infinie, alors il attendrait autant qu’il le faudrait qu’elle se livre enfin à lui. Il serait ami ou amant, cela lui importait peu ; il serait là, dans chaque creux de son existence, à partir de ce soir et pour tous les suivants, jusqu’à ce qu’elle lui donne ce qu’il était venu chercher. Si ça ne devait être que le début d’un autre mensonge, alors il jouerait le jeu jusqu’au bout. Sa mère lui avait bien appris, à Laszlo. C’était pour préserver tout ce qu’Anka avait réussi à construire qu’il se ternissait l’âme, encore et encore, dans l’espoir qu’un jour ce serait suffisant pour tenir les monstres à distance, loin, très loin de lui et de sa famille. Il se tourna à nouveau vers elle, laissant son regard sombre s’agrafer à sa peau. « Je vous raccompagne ? »

(c) DΛNDELION
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Vespera Blackwood
Ψ DUM SPIRO SPERO
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HOMINUM REVELIO ϟ
Statut du sang : Née MoldueMessages : 233Date d'inscription : 17/11/2015Localisation : Sofia
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Ҩ Re: — Drowning to silence the internal violence (evenko) Ҩ Mer 5 Sep 2018 - 12:33

Qui croit-il duper, exactement ?

Elle le regarde Eva, et elle sourit, doucement. Pour la soirée, elle décide de jouer le jeu, de devenir une autre, plus joueuse, celle qu’elle n’est plus depuis longtemps. Alors qu’elle fait face à l’étranger qui l’épie du regard sous son charmant sourire, une pensée lui traverse l’esprit, agrandissant la fente délicate de ses lèvres ourlées de rouge. Elle songe au sourire de son fils qui a brillé, quand elle lui a proposé de passer une soirée et une nuit chez Adonis, qu’elle les laisserait seul, qu’Asphalt serait absente. Il n’a même pas cherché à lui proposer de rester avec eux, Mateo ; il s’est contenté de se réjouir, et quand elle a proposé l’idée à Mordred, c’est avec un immense sourire qu’elle lui a rappelé comme son fils était heureux à la perspective d’un moment familial entre eux. Il n’a pas pu refuser.

Et voilà comment elle s’est retrouvée là, face à cet homme dont elle ne sait rien. ça n’a pas d’importance, songe-t-elle avec amusement. Rien que pour la tête du Dolohov quand elle lui a dit “j’ai un rencard” ça valait le coup. C’est malsain, cette façon de prendre ses décisions en fonctions de ses réactions, à lui ; mais au souvenir de la pointe amère qu’elle a lu dans les yeux du métamorphomage, elle ne peut s’empêcher d’oublier cet homme assis devant elle, en proie à son regard perdu. Ce n’est pas à lui de tenir cette place. De toute manière, elle n’a absolument rien à faire ici ; elle ne sait même pas pourquoi elle a accepté.
Peut-être pour se remémorer une époque de sa vie où tout ça, ça avait encore du sens ; où elle pouvait sourire avec insouciance, jouer, être ce qu’elle ne sera jamais. Une femme qu’on regarde, une femme qu’on observe. Une femme qui s’amuse, comme une souris tirerait sur les moustaches du chat. Une femme dont les cicatrices ont disparu, laissant revenir sous sa peau de chagrin la silhouette délicate à la peau diaphane, aux cheveux de sang.

Elle est bien plus Eva qu’elle ne l’a été en cinq longues années de mensonge. Elle n’a aucun sixième sens, mais elle sait à qui elle a affaire. Elle a passé trop de temps à l’écart de la loi, et sait reconnaître ceux qui vivent pour elle. Il est l’un d’entre eux, elle en est persuadée. ça se voit, à sa façon de poser des questions, sa manière d’écouter chacune de ses histoires, de la plus rocambolesque à la plus ennuyeuse. Il n’a pas baillé ni regardé sa montre une seule fois, et elle sait que ça ne peut vouloir dire que deux choses : ou bien son visage fondu est un nouvel outil de séduction ; ou bien cet homme prend de sérieux renseignements.
ça la bouffe, durant tout le repas où elle jongle entre l’amusement et la méfiance, demandant mesquinement un second verre de champagne. Tu auras peut-être des infos si tu lâches assez d’oseille. C’est ce qu’elle essaie de lui faire croire, en se laissant trébucher sur les questions piège, en hésitant. En souriant avec gêne, en passant une main dans ses cheveux bruns. Elle montre le visage d’une femme pleine de secrets, de toute manière elle ne peut pas faire comme si rien ne lui était arrivé. Il l’a invitée ici pour une raison et une seule, et elle a besoin de savoir pourquoi. Elle veut savoir comment il parvient, malgré les barrières, à percer d’un regard chargé de ténèbres, l’aura rouge de ses secrets.

Alors elle le guette, elle aussi, elle observe ses mouvements, calcule sa force, se demande quelles sont ses faiblesses. Elle se perd dans deux yeux en amande d’un brun sombre, mais elle n’est pas aussi douée que lui, elle ne sait pas comment interpréter ce qu’elle y voit. Il est entouré d’une brume chargée de mystère, quelque chose de presque palpable, dans l’air. Elle aurait pu trouver une foule d’autres moyens pour lui soutirer des informations que de le séduire, de jouer à ce dont elle ne joue plus depuis des années. La flamme s’est éteinte quand elle a compris qu’elle était bien trop douée pour briser tout ce qu’elle construisait de nouveau. Pourtant, elle a accepté cette invitation, et sans hésiter la moindre seconde. Elle a vu cette petite énigme dans son regard. Et sans s’expliquer pourquoi, elle a voulu fouiller, elle aussi.
Peut-être parce qu’elle ne le connait pas justement, parce que c’est nouveau, que ça la sort des enfers compliqués dans lesquels elle s’est beaucoup trop roulée. Une perspective de devenir une autre, quelqu’un qu’on ne connait pas, l’occasion de penser à autre chose qu’au charnier de sa vie. C’est un air frais, salvateur. Et même si elle va le rendre méconnaissable, elle le remerciera sans doute d’un sourire, parce que c’est agréable et qu’elle ne s’en cache pas.

Elle finit par le suivre quand il se lève, aussi attisée que méfiante au regard du sourire plein de charme qu’il lui adresse. Elle aimerait se dire qu’elle n’est pas ce genre de femme. Elle se le dira plus tard, quand la désillusion reviendra la frapper. « J’espère que vous avez passé une agréable soirée. » Bien plus qu’il ne le croit, sans doute. Elle lui adresse un sourire en retour, d’un coin de ses lèvres ourlées de rouge. « Vous savez vous y pendre pour que ça soit le cas. » Elle fourre les mains dans les poches de son jean, tirant un paquet de cigarettes. Elle en allume une sous son regard, inspirant longuement la première bouffée.
« La prochaine fois, peut-être que l’on pourrait choisir un restaurant où les serveurs sont un peu moins intrusifs. » Elle lève lentement les yeux au ciel, et croise les bras, amusée. Elle ne lui dira pas que les intrusions du serveur l’ont tirée de pas mal de mauvais pas ce soir ; il le sait, de toute manière, et c’est bien pour cette raison qu’il le lui rappelle. Alors, elle préfère choisir une autre option. « Hé bien, la “prochaine fois” je n’aurais qu’à choisir l’endroit. Quand vous m’aurez recontactée. » ça la fait bien marrer, intérieurement. S’il s’imagine qu’elle va lui accorder une seconde chance, alors il n’a aucune idée de ce qui va lui tomber dessus.

Ses prunelles noires se tournent doucement vers elle, de nouveau. Il y a quelque chose de très calme dans sa façon de s’exprimer, de la regarder, une paix douce-amère qu’elle est incapable de saisir, de comprendre, elle qui n’a jamais été capable de voir autrement que dans la violence. « Je vous raccompagne ? » « Avec plaisir. » Elle se faufile entre ses pattes, Eva ; elle le laisse tendre le bras vers elle et s’en saisit, de ses deux paumes fines. Elle suit lentement son pas, décidant d’un commun accord de marcher, plutôt que de transplaner. Elle devrait craindre de nouvelles questions, en chemin ; mais ça lui paraît dérisoire, soudain. Il fait frais, dehors, mais la nuit est claire. Il y a quelque chose de trop irréel dans ce moment pour qu’elle décide d’y mettre fin trop vite, trop brusquement.

« Est-ce que vous repasserez me voir ? » Elle dérive, change de conversation, revient sur des banalités, se fait oublier. Elle lui rappelle qu’elle sait comme c’est suspect, un homme trop souvent vu au même endroit, un homme qui aborde une femme comme elle. « Il y a peu de personnes aussi zélées que vous pour passer boire un verre au moment où je travaille. » Elle hausse innocemment les épaules, sentant le poids familier de son poignard d’obsidienne, accroché à sa ceinture, soigneusement dissimulé. « D’ailleurs je serais curieuse de savoir comment un homme comme vous a un jour choisi d’entrer au Shipka. Vous vous êtes perdu ce jour-là ? »
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