— Parts of me remind me of you (vrenskaya)

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VRENSKAYA SISTERS

Assise à une table près de la fenêtre, Krista observait les passants d'un air distrait. Elle avait cessé de scruter attentivement la rue principale à la recherche d'une tignasse blonde, puisque de toute évidence, sa soeur était encore en retard. C'était du Masha tout craché. Elle se pointerait à leur rendez-vous l'air de rien, de belles excuses toutes prêtes à lui servir sur un plateau d'argent. Elle était incroyablement douée pour ça, Masha, pour les mensonges et les sourires dégoulinant d'hypocrisie. Krista commençait à peine à le voir, ce masque si convaincant qu'elle portait lorsqu'elle s'adressait à elle. Toutes les promesses qu'elle vomissait à ses pieds, si fausses et pourtant si belles. Parfois c'était à se demander s'il restait encore quelque chose à sauver entre elles. Elle essayait pourtant, de toutes ses forces, de se rappeler d'un temps où ça aurait été différent, où Masha avait mérité tous les sacrifices qu'elle avait faits pour elle. Mais les souvenirs s'effaçaient jour après jour sous une épaisse couche de poussière, doucement amère. Pourquoi tu es comme ça Masha, pourquoi ce besoin de toujours tout foutre en l'air.

Quand enfin la jeune Vrenskaya fit son apparition au coin de la rue, l'aînée laissa son regard s'accrocher à elle, à ses vêtements un peu trop provocateurs, à ses cheveux maladroitement coiffés, plus elle approchait et plus elle voyait, Krista, les imperfections partout sur elle. Sourire trop faux lorsqu'elle s'installa face à elle, le visage encore fatigué de la veille. Merlin seul savait ce qu'elle avait bien pu fabriquer hier soir. Elle aurait pu demander, si seulement elle n'avait pas eu si peur de la réponse. Lèvres pincées, son regard cessa de la détailler pour venir se glisser dans le sien. Sombre, trop sombre. Terne. « Tu es en retard. » Pas de chaleur dans la voix, aujourd'hui elle n'était pas certaine d'avoir la force de faire semblant, Krista. Toutes ces années à se plier en quatre pour n'avoir droit qu'à cette imposture, quelques heures qu'elle devait lui arracher comme une vulgaire voleuse. Quelques heures grappillées par-ci par-là, passage éclair dans le show de Masha, star de cinéma.
D'un geste elle attrapa le menu, libérant sa cadette du joug de son regard. « On devrait commander, avant qu'ils ne nous servent plus. » Elle se plongea dans la carte qu'elle connaissait par coeur, prétendit hésiter comme à chaque fois, avant d'appeler le serveur et de prendre le même plat que d'habitude. Elle le remercia pour deux lorsqu'il s'en alla, les laissant seules avec leurs tromperies et leurs drames. Sourires forcés et tous ces mots qu'il fallait prononcer sans se cramer la langue.

« Tu as l'air d'être fatiguée, où est-ce que tu étais hier soir? » Toujours trop de questions à poser, comme un test qu'il fallait passer. Elle échouait de plus en plus souvent, Masha. De toutes façons elle n'était bonne qu'à ça. Foirer, sur toute la ligne. Rater, encore, toujours. Décevoir. A quoi pouvait-on s'attendre d'autre de sa part? Ses parents l'avaient prévenue pourtant, que sa soeur n'était qu'un aimant à problèmes, qu'elle ne ferait que la tirer vers le bas pour sombrer avec elle, dans l'abîme qui se creusait sous ses pieds depuis le jour où elle était née. C'était inévitable, elle était irrécupérable. Alors à quoi bon essayer, à quoi bon s'obstiner? « Tu aurais pu faire un effort pour être présentable. » Elle but une gorgée du thé qu'elle avait commandé avant son arrivée. Il était froid, évidemment. Elle retint un soupir, avant de revenir chercher son regard, et de s'y perdre, juste une seconde, à essayer de comprendre comment elles en étaient arrivé là. Pourquoi je t'aime Masha? Je ne sais pas. Pourquoi je t'aime, pourquoi, pourquoi pas. Pourquoi je t'aime quand même, rappelle-moi.

(c) DΛNDELION

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VRENSKAYA SISTERS

Nyx reste avec moi ce soir un peu plus, toujours plus, des poignées de gallions qui s’entassent, comme si ça suffisait à tout acheter, alors qu’elle fait disparaitre les pièces clinquantes, sourire entendu qui s’étale sur le visage. « Bien sur, Nyx va rester avec toi ce soir mon chou » les doigts qui se perdent sur la joue parfaitement rasée, lèvres qui glissent le long de la mâchoire, dernier baiser avant de se redresser, main dans la main elle l’attire derrière elle. Ce soir elle ne dort pas au Cherna. Ce soir elle dort ailleurs, dans une chambre de luxe qu’on veut bien lui payer, en offrande pour soirée, comme pour amadouer la vipère, la dompter, ne serait-ce qu’une nuit. Qu’ils essayent. Pourtant elle joue le jeu ce soir Nyx, jolie Nyx, gentille Nyx. Lime les crocs, les ongles, fait semblant de s’émerveiller devant les draps satinés, devant les mets proposés, devant les perles qu’on lui passe autour du cou. T’es si belle Nyx. Ca gronde dans sa voix, et Nyx qui ronronne entre ses doigts, juste un soir, un masque, encore, encore. Faire semblant. Prétendre.
Et tout ça pour quoi ? Quelques pièces grapillées, c’est pas l’or pourtant qu’elle vient chercher, mais les informations qu’elle arrive à lui arracher sur le creux de l’oreiller. Zharka sera heureuse. Surement. Certainement. Et ça suffit à Nyx pour fermer les yeux, laisser le sommeil la happer, oublier la présence qui dort à ses côtés.

« merde ! » ça la prend par surprise au réveil, comme l’impression d’avoir oublié quelque chose d’importe. D’extrêmement important. Krista. Alors que la panique s’installe, les draps rejetés un peu trop violemment, Nyx qui laisse place à une Masha paniqué, le visage de sa sœur qui s’imprime dan son crâne pendant qu’elle bataille pour se rhabiller, vêtements trop provoquants pour un déjeuner en famille, elle essaye maladroitement d’arranger le tout avec un sort marmonné, atténuer des couleurs criardes, essayer d’arranger ses cheveux. De toute façon quoi qu’elle fasse Krista la critiquera. Elle sait. Pas besoin d’être devin pour ça. « Je dois filer, c’était super » mensonge craché alors qu’elle claque la porte, la nuit qui ne lui laisse aucun souvenir impérissable, encore un idiot à qui elle a du gonfler son ego, c’est usant, fatiguant.
C’est les talons qui claquent sur le pavé, course frénétique pour rejoindre l’allée des trois lunes, bousculer ceux qui la gène d’un geste impatient de la main. Pas de pitié. Aucune. Puis quand elle arrive enfin en vu du lieu de rendez vous elle s’autorise à ralentir, remettre en place son masque, Masha qui s’efface un peu, laisse du mou pour que Nyx ai de quoi danser. Tête haute, regard brulant, pas question de laisser Krista deviner le rythme effréné que son cœur a décidé de jouer dans sa cage thoracique.
Tu es en retard. La phrase cinglante qui l’accueille quand enfin elle vient s’asseoir en face de sa sœur. Ca lui serre la gorge, le cœur, allume un feu quelque part. Si elle n’avait pas poudré ses joues, peut être que Krista aurait pu voir le rouge qui s’y étend doucement. « Bonjour à toi aussi Kista » alors qu’elle se concentre sur la fluidité de ses mots, sur son sourire un peu trop moqueur. On devrait commander, avant qu'ils ne nous servent plus. Un rire qui lui échappe alors que déjà Krista se cache derrière la carte, les sourcils légèrement froncés, portrait craché d’une mère trop stricte, ça la fait frissonner. Elle ne prend même pas la peine de regarder la carte, pas besoin, pas faim de toute façon, quand le serveur arrive elle commande juste un café, noir. Le plus noir possible. Regard de défi face à sa sœur. « Je fais attention à ma ligne » ou plutôt c’est la gueule de bois d’hier qui lui tord encore l’estomac.

Tu as l'air d'être fatiguée, où est-ce que tu étais hier soir? dans le lit d’un homme qui a sans doute le double de mon âge ? A danser jusqu’à s’en exploser la plante des pieds ? A prétendre, encore, toujours ? Comme toi tu fais Krista ? Y a les mots qui menacent de déborder de ses lèvres ourlées de rouge, les mots qu’elle ravale au dernier moment. Elle n’a même pas le temps de répondre que déjà Krista reprend, reproche sur reproche, sur reproche. Chaque mot sonne comme une gifle donné du revers de la main. Tu aurais pu faire un effort pour être présentable. le sourire qui vacille, elle serre les poings sous la table, serre un peu trop fort, sent ses ongles qui s’enfoncent dans la paume de sa main. Masha tu ne fais jamais d’effort, tu nous fais honte et la voix de sa mère qui résonne bien trop fort dans le creux de ses oreilles. « Tu commence à parler comme maman Krista. Fait attention, la prochaine étape c’est les rides » c’est vilain, mesquin, mauvais. Elle est méchante Nyx. Vilaine vipère qui mord quand l’occasion se présente. Elle a les crocs déjà enfoncé depuis trop longtemps dans le cou de Krista, son venin qu’elle distribue à petites doses, et la blonde qui ne se rend compte de rien. Pour le moment. « On a eu un gala hier, tard » petits mensonges qu’elle tisse habilement, elle s’étire comme un chat, baille légèrement. « une ovation. Je suis certaine que les critiques en parleront demain. Dommage que tu ai été trop occupée pour venir » [/color] ou dommage que l’invitation se soit perdue parmi les hiboux. Ca la fait marrer, d’imaginer Krista débarquer au Cherna, la syncope qu’elle ferait. « Je suis restée dormir chez une amie, il était trop tard, je n’ai pas eu le temps de me changer, voilà tout » c’est simple, posé, cohérent. Comme tout ce qui sort de sa bouche, c’est pensé, réfléchit, depuis des jours. « Et toi chère sœur où étais tu hier soir ? » surement à la maison, comme toujours, vieille fille en devenir, du moins c’est ce qu’elle dégage, pourtant Masha sait que ce n’est pas vrai. Elles sont trop douées pour ça les Vrenskaya. Bien trop douées.

(c) DΛNDELION