Statut du sang : Sang MêléMessages : 282Date d'inscription : 26/04/2015Localisation : Sofia
Ҩ Don't close your eyes ~Mary Ҩ Ven 3 Aoû 2018 - 13:09
L’aube était levée depuis quelques heures, dans les rues de Sofia. Il faisait froid, et le corps malingre de Mallory frissonnait malgré son épais manteau noir couvrant ses épaules frêles. D’un geste, il ramena son écharpe de grosse laine jusqu’à son nez, les yeux résolument rivés vers le sol. La sortie ne durerait pas longtemps. Ce n’était pas vraiment une promenade de santé, cela ressemblait davantage à un parcours du combattant ; c’était le lendemain de l’horrible exécution ayant eu lieu sur la place des loups. Il en aurait encore frémi d’horreur, s’il n’avait pas cherché de toutes ses forces à effacer ce souvenir. Qu’est-ce qu’on va devenir ? C’était encore la seule et unique pensée cohérente qu’il avait eue ; ça, et la crainte qu’un jour ce soit son tour, qu’on l’arrache à sa maison, qu’on le fasse souffrir. Encore. Les souvenirs difficiles de son séjour à Domovoï avaient laissé des traces beaucoup plus marquées qu’il ne l’aurait cru ; ses sourires sonnaient faux, quand il murmurait qu’il allait bien, qu’il se sentait mieux.
En vérité, Mallory était gagné par la peur. Elle le hantait de jour comme de nuit, elle faisait frissonner son corps quand Zakhar lui tournait le dos et n’avait aucun moyen de le comprendre. Il avait peur du futur, de ce qu’on lui avait promis et qui ne viendrait peut-être jamais, de ce qu’il espérait mais qui n’avait certainement aucune chance d’arriver. Des soins, une protection, n’importe quoi qui lui permette de sortir de cet étrange cercle nimbé d’angoisse. A quel moment serait-il monté, à son tour sur une estrade pour être exécuté ? Que faire pour changer les choses, y avait-il une solution ?
Un frisson parcourut son échine, et il glissa sa main libre dans ses poches, regrettant de ne pas pouvoir faire léviter le sac contenant les potions qu’il avait décidé de livrer personnellement au matin-même. Il avait besoin de prendre l’air, l’appartement ressemblait beaucoup trop à une prison. Une prison agréable, bien sûr, mais une prison tout de même, un endroit où on l’avait parqué comme un animal pour l’empêcher d’aimer la liberté, et de la désirer. Si au départ, le deal lui avait plu, il n’était désormais plus certain de beaucoup l’apprécier. Il fit craquer ses doigts dans sa poche, nez baissé pour ne pas avoir à affronter le regard des passants ; il marcha vite, de peur sans doute de terminer gelé sur place, si jamais il osait seulement s’arrêter.
Trop occupé à tenter d’organiser ses pensées, Mallory ne s’aperçut pas immédiatement qu’il ne regardait pas du tout devant lui. Ses yeux ne voyaient que le sol, les chaussures des passants qu’il évitait consciencieusement ; mais lorsque ses pensées s’évadèrent vers Zakhar, vers leur dispute et vers ce maudit trafic de sang qui continuait à leur rapporter de l’argent malgré tout ce que le sibérien avait pu prétendre, il perdit de vue son objectif. Sa vision en devint presque floue ; avait-il seulement conscience qu’il marchait à toute vitesse, lorsque son épaule en percuta violemment une autre et qu’il se sentit basculer en avant ? « Hé ! »
Le temps d’un battement de paupières, et Mallory se retrouva par terre. Un bruit de verre brisé lui donna une assez bonne information de l’état de sa livraison du jour. Il avait perdu une bonne partie de son salaire simplement parce qu’il n’avait pas regardé devant lui ; cette pensée, rageante, le fit se redresser au milieu des bris de verre, grommelant dans sa barbe une série d’injures en français. Près de lui, la personne qu’il avait percuté avait également chuté vers le sol ; une jeune fille au visage invisible, caché derrière une barrière de cheveux bruns. « ça va ? Je suis désolé. » Cinq années auparavant, Mallory n’aurait pas hésité une seule seconde avant de couvrir l’inconnue de jurons ; mais la maladie et la captivité l’avaient, apparemment, beaucoup trop assagi. Lorsque la jeune fille releva la tête, il s’immobilisa. Ce visage lui était étrangement familier. A Sofia, il ne pouvait y avoir que des gens de Durmstrang au coeur de ce genre de cercle de connaissances. Une flamme. Il l’avait déjà croisée plusieurs fois. Une étrange jeune fille, qui s’appelait…
« Bloodworth ? » Marianne, ou Mary, c’était ça non ? Lorsqu’il releva le visage vers elle, son expression perturbée, presque apeurée, le laissa perplexe. Adieu sa journée de salaire, songea-t-il lorsqu’il tendit la main, pour l’aider à se relever. « Qu’est-ce que tu fais ici ? »
Mary Bloodworth
♠ AD ASTRA PER ASPERA
HOMINUM REVELIO ϟ
Statut du sang : Sang mêléeMessages : 257Date d'inscription : 30/11/2015Localisation : Dans ma tête
Ҩ Re: Don't close your eyes ~Mary Ҩ Dim 5 Aoû 2018 - 10:23
Don't close your eyes
Mary Bloodworth & Mallory Edgerton
« And if the birds are just all the words flying along, singing a song, what would they do ? If they just knew what they could do. »
Mary s’était doucement remise des évènements de la veille et des exécutions qui avaient lieu et qui lui avaient fait complètement perdre les contrôles de ses pouvoirs. Elle ressentait encore le froid de la mort venant chercher les deux âmes qui avaient reçues le sortilège de la mort. Elle connaissait la sensation mais à chaque fois cela lui faisait perdre, perdre son contrôle, sombrant dans les ténèbres et la douleur. Elle devait sans cesse lutter pour revenir et ne pas s’abandonner à ses visions morbides. Anna avait tenté de la prévenir mais la foule était trop dense, trop compact pour lui permettre quoique ce soit. Mais le pire était passé, désormais il lui fallait reprendre doucement confiance en elle, en ses capacités en son contrôle. L’américaine avait passé la nuit chez Milo qui avait pris soin d’elle, l’aidant à se remettre sur pieds. Une tâche bien difficile mais il était toujours là pour elle.
Au matin, elle avait décidé de prendre l’air, de s’aérer un peu l’esprit. L’air frais ne pourrait que lui faire du bien, alors elle avait quitté silencieusement l’appartement et s’était glisser dans les rues de la capitale bulgare. Milo dormait toujours et elle préférait le laisser se réveiller après avoir veiller sur elle une bonne partie de la soirée. Mary se mit alors à marcher sans réelle but, sans savoir où ses pas la guideraient. Elle devait simplement éviter la place des loups, où elle sentirait encore la déchirure du voile entre le monde des morts et le monde des vivants. Elle n’avait nullement envie de s’en approcher, de peur de re sombrer. Elle avançait sans regarder devant elle, les passant s’écartait de son chemin ne lui faisant rencontrer aucun obstacle. Ses mains enfoncés dans sa veste en cuir, elle avançait, pas après pas, foulée après foulée.
Mais à force d’être perdue dans les nuages, elle heurta quelqu’un et elle tomba lourdement sur le sol, la ramenant à la réalité. Elle s’écorcha légèrement les mains dans un petit gémissement de douleur. « Merci de m’avoir prévenue Anna… » grogna-t-elle entre ses dents. Elle se releva tant bien que mal pour regarder la personne avec qui elle venait de se télescoper qui s’excusa en lui demandant si tout allait bien. « Oui oui… » Ses yeux bruns tombèrent sur un visage. Il lui était presque familier, du moins pas inconnu. Il était jeune. Visiblement elle lui disait aussi quelque chose car il prononça son nom de famille. Elle hocha légèrement la tête pour confirmer qu’il ne se trompait pas sur son identité tandis qu’elle cherchait toujours le nom de cet ancien camarade de Durmstrang car il n’y avait que là-bas qu’elle avait pu le rencontrer. « Wilcott… » lui murmura sa sœur. Pour une fois qu’elle se montrait utile. Le jeune homme lui demanda ce qu’elle faisait là, il semblait peu à l’aise et peu rassurer. L’américaine hocha légèrement les épaules. « Je…prends l’air ? Je crois qu’on a encore le droit de faire ça...il me semble… » répondit-elle. Ce gouvernement coserait leur perte, elle en était désormais convaincue. « Tom c’est ça ? Qu’est ce qui te pousse à sortir du quartier des sangs noirs de si bonne heure ? Après les évènements d’hier c’est peut-être pas une si bonne idée que ça… » Il était un ancien éclair, il avait le pouvoir de l’Ox dans ses veines et même si elle ne cautionnait pas le gouvernement, avec les évènements de la veille, il fallait que les sangs noirs se montre prudent.
(c) DΛNDELION
Mallory Edgerton
Ҩ LUX IN TENEBRIS
HOMINUM REVELIO ϟ
Statut du sang : Sang MêléMessages : 282Date d'inscription : 26/04/2015Localisation : Sofia
Ҩ Re: Don't close your eyes ~Mary Ҩ Jeu 9 Aoû 2018 - 14:03
Il n’a aucune envie de rester là. Il est trop près de la Place des Loups, trop près de se casser la figure encore une fois. Les journées de Mallory sont toujours milimétrées, et ne laisse aucune place aux imprévus. Pourtant il est là, l’imprévu de sa journée, cette jeune fille qui se redresse en marmonnant. Depuis combien de temps n’a-t-il pas vu les visages des élèves de Durmstrang ? Celui de Zakhar fait seule exception, à l’heure actuelle. Depuis leur fuite, le Sibérien ne l’a que peu quitté ; suffisamment, en tout cas, pour que les conneries recommencent. Le jeune homme se redresse à son tour, grommelle des excuses. Il sait que ça ne changera rien, que cette rencontre n’aboutira qu’à une simple conversation stérile. Mais Bloodworth est une marque d’un passé vieux de cinq ans. Qu’est-elle devenue, elle, quand le château a été pris d’assaut ? Quel camp a-t-elle choisi, pourquoi reste-t-elle encore ici ? Comment s’est-elle relevée, elle, aussi mal que lui ou a-t-elle réussi à conserver les quelques miettes de ce qu’a été un jour leur adolescence ? Son regard se fane, doucement, alors que la jeune fille saisit doucement sa main pour se remettre debout. ça lui fait un choc dans la cage thoracique. Il espérait ne pas avoir à croiser ces visages-là. « Oui oui… »
Bloodworth n’a jamais connu les effusions de magie que l’Ox prodigue dans les veines. Est-ce qu’elle l’a envié, ou a-t-elle décidé de les protéger ? Que risque-t-il, en restant avec elle, avec en lui la simple curiosité de savoir ce qu’elle est devenue ? Il ne sait absolument rien d’elle, c’est à peine s’il la reconnaît. Cette fille un peu étrange du clan des Flammes, qu’il a vu une fois ou deux dans les salles de classe. A peine des regards croisés. Que peut-il bien avoir à lui dire ? Sans doute ce que Zakhar n’entendra jamais sortir de sa bouche. Qu’il aimerait partir, maintenant, effacer de sa vie le souvenir de Domovoï. Paradoxalement, il sait qu’il a aussi besoin d’en parler, et pas seulement à Apollonia.
« Je…prends l’air ? Je crois qu’on a encore le droit de faire ça...il me semble… » Oui, elle a le droit, elle. Sans doute bien plus que lui, pense-t-il avec amertume. ça le fatigue, la paperasse, ça l’épuise, de devoir rendre des comptes en permanence. C’est comme passer d’un cagibi à un enclos, plus grand mais dont il n’a pas le droit de sortir. C’est une belle revanche, pense-t-il sans sourire, que de donner son sang malade à ceux qui n’ont absolument aucun scrupule à l’exploiter pour ça. Une bien maigre revanche, comparativement à ce qu’ils lui ont fait. Mais ça n’a aucune importance. Il aime à se dire qu’il est plus fort, maintenant.
« Tom c’est ça ? Qu’est ce qui te pousse à sortir du quartier des sangs noirs de si bonne heure ? Après les évènements d’hier c’est peut-être pas une si bonne idée que ça… » « J’étais supposé… livrer mes potions. » répond-il tranquillement, en haussant les épaules à son tour et désignant le tas de verre à leurs pieds. Tout son boulot de la veille est foutu. Il n’a aucune idée de comment il va expliquer ça à Zakhar, et à son employeur. A vrai dire, il n’a aucune envie d’y penser maintenant. « Tu y étais ? Sur la place des loups. » Question stupide, elle y a répondu avant même qu’il la pose. Mais il a envie, presque besoin de le savoir. Parce que ça l’a glacé, jusque dans la moëlle de ses os. Qui seront les prochains ? Après un bref regard dans la direction de la jeune fille, il pousse un soupir. « Si tu as le temps de discuter, tu peux venir avec moi. De toute façon, ma commande est foutue, alors… » il pouvait bien s’autoriser un écart, non ? D’un bref signe de tête, il l’invita à la suivre dans la rue. « Je suis curieux de savoir ce qui est arrivé aux chanceux qui ne sont pas confinés dans des ghettos. »