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 So you hang in the lights ♠ Amekan II

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Ameyaltzin Mikistli
♠ AD ASTRA PER ASPERA
Ameyaltzin Mikistli
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HOMINUM REVELIO ϟ
Statut du sang : PurMessages : 148Date d'inscription : 29/10/2017Localisation : Sofia
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Ҩ So you hang in the lights ♠ Amekan II Ҩ Mar 6 Mar 2018 - 14:13

Je déteste les nuits comme celles-ci où mon esprit me jette en cage, où ça trou le ventre, le cœur, creuse sous mon crâne, je hais ces instants où la conscience surnage et que le sentiment de ne jamais avoir été à ma place s’étend lentement, comme une poudre d’ombre dispersée dans mon sang. Il y a ce besoin de fuir l’espace de mon appartement, avaler l’air à grande goulée alors j’enfile des vêtements à la hâte, maquille vaguement mes traits. S’éloigner, s’échapper, bondir hors-de-soi. Ça ne suffira pas, ça ne suffira jamais à effacer la certitude d’être trop profondément égarée pour encore pouvoir respirer correctement.

Alors je file, encore et encore, l’air d’été glissant contre la peau dénudée de mes jambes, les yeux glissés sur les passants, toujours à surveiller, machinalement. Et je me sens si seule je crois, quand j’observe l’animation de Sofia, toutes ces âmes en mouvement et plus personne entre mes bras. J’ai pas besoin d’amour, j’ai besoin de Swa. Mais c’est achevé maintenant, ça sera achevé demain. Quinze ans que cette obsession me ravage, quinze ans qu’elle se joue de moi. Tout a changé désormais. Lorsqu’elle reviendra, parce qu’elle reviendra, je me serai suffisamment cassé le cœur en arrachant celui des autres pour être en mesure de la repousser. Devenant tout ce qu’elle désirait faire de moi. Envolée la fragile Ame, si douce, si lumineuse, y’a plus que son fantôme qui porte mes vêtements. Et je ne sais même pas si ça fait mal ou pas ; émotions anesthésiées parce qu’il n’y a que comme ça qu’on est capable d’avancer dans ce foutu pays.

Et soudain, le cœur qui s’arrête, un visage qui se détache. Hàkan. Et son sourire qui se fige, statue de cire quand j’esquisse un signe avec la violente envie de m’enfuir, m’évaporer dans l’air. Je ne voulais plus jamais avoir à poser les yeux sur toi. Hàkan ça a été une lumière, un repère, quelqu’un à qui me raccrocher après que Swa se soit amusée à me briser une seconde fois, Hàkan c’était le bonheur doux, le sentiment que la vie pourrait s’étirer ainsi, doucement, sans éclats. Il était différent Hàkan, si bon, à prendre ce que je croyais être des faiblesses pour des forces magnifiques. Je n'avais plus vraiment approché un homme depuis le tout premier, Eshan, Eshan et ses ombres, ses envies de grandeur et le sang sur ses mains, Eshan et ses mensonges, ses griffes contre ma peau. Hàkan il est différent, unique, sûrement un peu trop. Le seul qui soit parvenu à me donner un peu confiance en moi, la vraie confiance, pas celle que je simule à coup de sourire et de regards appuyés. Hakàn et sa simplicité, ses espoirs, les miens, les nôtres partagés comme une utopie dans laquelle on aurait voulu s’effacer.

Mais il y avait des ombres qui planaient, Swa’ran et Darya, leurs fantômes qui se glissaient entre nous, attaquaient ce qu’on essayait vaguement de construire. Mes envies de magie, son optimiste naïf finissant par m'agacer, peut-être parce que le mien avait fini par s'envoler. Ça a été bref Hakàn, mais ça m’a sûrement sauvé la vie au moment où je me haïssais tellement que m'envoyer dix poisons dans la gorge me paraissait être l'idée la plus censée. Et puis comme toujours j'ai échoué, dérapé. Dévorée par mon désir de magie, paniquée par ses questions j’ai fini par m’en aller lâchement une fois de plus, sans prévenir, sans laisser de trace, à croire que fuir les gens qui essaient de m’aimer est devenu une mauvaise habitude que j’ai emprunté à Swa'ran.

Ça fait quatre ans maintenant, déjà quatre ans. Alors ça me renverse un peu, il y a la honte qui se propage et fait rougir mes joues. Parce que s’il apprend ce que je suis devenu Hàkan, la traque et puis Zharka, sûr qu’il me méprisera, qu’il aura honte de moi. Et ça a toujours tellement compté au fond, l’approbation, l’amour des autres même lorsque je suis incapable de le leur redonner.« Je…qu’est-ce que tu fais ici ? » Et l’envie de demander pardon, profonde, viscérale.

Pardon.
Pardon d’avoir changé.
Pardon d'avoir échoué.
Pardon de ne pas avoir essayé.
Pardon d’avoir tout abandonné.
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Hàkan Silaëv
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Hàkan Silaëv
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HOMINUM REVELIO ϟ
Statut du sang : Sang-pur. Messages : 151Date d'inscription : 02/01/2016Localisation : Sofia
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Ҩ Re: So you hang in the lights ♠ Amekan II Ҩ Mar 10 Avr 2018 - 22:40


∆ ∇∆ ∇∆ ∇∆ ∇

Dehors, il y a la fraîcheur de la nuit qui glisse sur sa peau, il y a les rires des passants, et l’ambiance chaleureuse de Sofia qui réchauffe un peu trop ses rues bondées. Il y a du monde, beaucoup trop de monde, mais ça fait du bien. S’éloigner de la solitude, même sans prendre part à une discussion plus ou moins intéressante. Hàkan il n’a jamais été du genre sociable, à quémander des amis là où il n’y en a pas, à attendre quelque chose des autres. C’est un loup solitaire, qui se contente de peu de personnes autour de lui. Il aime être seul, avec ses pensées, ses réflexions, ses utopies. Il est un peu dans son univers lointain, mélange étrange de magie, de Sibérie, de paysages sauvages et un peu trop lumineux dans son imagination. Hàkan il n’est pas fait pour le monde, il n’est pas fait pour faire du mal aux autres, pour voler, et prendre sans rien donner en retour. Il a peut-être le cœur un peu trop pur pour encaisser les choses douloureuses, il a l’âme un peu trop fragile quand tout vient à s’effriter autour de lui. Alors il s’effondre. Il tombe de haut, et il met un temps fou à trouver un morceau de bois solide qui l’aidera à se relever. Mais il est toujours là, sur ses deux jambes, même avec le cœur fissuré, et des maux un peu trop lourds à porter quotidiennement. Il est toujours là, avec un nouveau but pour se lever tous les matins, pour combattre l’envie maladive de rester au lit toute la journée et de dormir pour oublier. Alors quand il la croise, forcément que ça le fout un peu en l’air. Ca déroute son cœur, et il ne sait plus où il est, et comment agir.
Elle aurait pu n’être qu’un simple fantôme. Fantôme du passé. Mais non, elle est bien là, réelle, face à lui. Elle n’a pas changé. Dès qu’il a croisé son regard, tout lui est revenu en pleine face. Ameyaltzin. Vieille blessure qui se réveille en lui, qui tord son âme ébranlée. Ameyaltzin. Ca le consume un peu plus, la rancœur et la tristesse qu’il a conservées si longtemps à son égard. Il la détaille un peu trop longtemps, son regard glissant sur ce visage qu’il connaissait si bien. Mais c’était il y a si longtemps, une éternité. Alors pourquoi c’est douloureux de poser son regard sur elle ? Pourquoi ça fait mal de se remémorer comment elle l’a laissé un matin, sans un mot ? Partie comme une voleuse, sur la pointe des pieds, emportant tout ce qui lui appartenait, comme si elle n’avait jamais existé, comme si elle n’avait été que le fruit de son imagination quelques malheureuses semaines. Pourtant son odeur avait longtemps persisté sur l’oreiller, sur les draps, et même dans tout l’appartement. Son parfum fruité embaumant chaque endroit où elle avait été, le confortant dans l’idée qu’il n’était pas fou, et qu’elle avait bien été là, avec lui. Il y avait Ameyaltzin partout autour de lui, mais elle n’était plus là.  Disparue sans laisser de traces.
Et la revoilà, toujours aussi belle qu’il y a quatre ans.

« Je…qu’est-ce que tu fais ici ? » Hàkan il a presque envie de rire. De rire jaune. Il était passé par tous les scénarios possibles il y a quatre ans, à chercher une explication logique, sensée. Il s’était répété en boucle leurs discussions, il avait essayé de trouver un indice qui aurait pu le mettre sur la voie, qui aurait pu l’aider à comprendre. Il l’avait longtemps cherchée, refusant d’écouter Zakhar quand il lui disait de passer à autre chose, qu’elle s’était tout simplement foutue de lui. Il n’avait pas voulu y croire. Pas voulu croire que rien n’avait été réel, qu’elle avait menti, qu’elle n’avait jamais prévu de rester avec lui. Il lui avait pourtant tout donné ; ses secrets, ses faiblesses, et même un peu son cœur tout cabossé. Et elle était partie avec tout ça, sans un au revoir. «  Je te pensais morte. » Il avait lâché ces quatre mots le plus sérieusement du monde, parce que c’était vrai. Il avait harcelé les hôpitaux des jours durant, inquiet à l’idée qu’il ait pu lui arriver quelque chose de grave. Il avait passé tous les recoins de la ville au peigne fin, son myocarde s’emballant dès qu’il pensait reconnaître sa chevelure brune. Des pensées sombres emplissaient son esprit, compressant son cœur, l’empêchant de dormir des jours et même des semaines. Et puis il avait fini par accepter l’inévitable, par se faire une raison. Elle était partie à cause de lui, tout simplement. « Content de voir que tu te portes bien. Bonne soirée. » Il n’avait aucune envie de lui parler. Il avait tourné la page, le chapitre Ameyaltzin était clos depuis longtemps. Tout du moins, c’était ce dont il essayait de se convaincre.


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