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 For the girl that you love || Stecian

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Stefan Wrzesinski
♔ DURA LEX SED LEX
Stefan Wrzesinski
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HOMINUM REVELIO ϟ
Statut du sang : MêléMessages : 59Date d'inscription : 14/03/2018Localisation : bulgarie
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Ҩ For the girl that you love || Stecian Ҩ Lun 6 Aoû 2018 - 22:38

« Emilia, mets tes chaussures s’il te plait. » La petite fille relève la tête, ses petits sourcils tout froncés. L’air courroucé avec lequel elle le fixe tord tristement son coeur, et il vient s’agenouiller près d’elle, soucieux. « Tu ne vas quand même pas sortir pieds nus, si ? » « Je veux voir maman. » Les mots lui manquent ; c’est encore le même problème. Evidemment. « On en a déjà parlé, ma chérie… » La colère brille dans ses yeux d’eau trouble ; ils en ont déjà parlé mais elle n’a pas compris, il n’a pas su lui expliquer. Il n’y a pas eu le coeur, non-plus, il a juste fait de son mieux. Visiblement, ce n’est pas assez. « Pourquoi elle ne vient plus ? » Pinçant les lèvres pour retenir un soupir, il songe à changer de sujet pour détourner l’attention de la petite fille, mais la lueur féroce qui brille dans son regard l’en dissuade. Il refuse de la prendre pour une idiote, alors comme souvent depuis quelques jours, il préfère ne pas répondre plutôt que lui raconter n’importe quoi. « C’est compliqué, Emilia. On en parlera plus tard, d’accord ? Mets tes chaussures. » Il se redresse, la mort dans l’âme, décidé à s’enfuir encore une fois. Après tout, Leksa a bien réussi à le faire pendant des mois.
Pourtant, si Emilia a en grande partie hérité du caractère de son père, on ne peut pas dire que ce soit le cas pour tous les aspects de sa personnalité. Et sûrement pas pour l’entêtement. « Elle ne veut pas revenir ? » Il enfile son manteau, silencieux. « Ou c’est toi qui ne veux pas ? » « Emilia, il soupire. Mets tes chaussures, il faut qu’on y aille. »

Elle n’écoute rien. Ca fait plusieurs jours maintenant, elle qui a toujours été une enfant obéissante et réfléchie ; un peu trop intelligente pour tout accepter sans rien dire. Sa mère lui manque ; il a été de très mauvaise foi en passant que de toute façon, Leksa était tellement absente que ça ne ferait pas grande différence. Maintenant il lui manque quelque chose et il ne peut pas lui inventer une mère en claquant des doigts. Soucieux, il jette un oeil dans sa direction ; elle fixe le mur face à elle, boudeuse, sans esquisser le moindre geste pour mettre ses chaussures. Soupir ; il s’approche, prend la sandale entre ses mains. « S’il te plait. » A contrecœur, la petite fille lui tend son pied, sans lâcher le morceau. « Je veux voir maman. » « C’est impossible. » Il fait, catégorique, en grinçant des dents parce que ses mains trop grandes n’arrivent pas à fermer la minuscule boucle sur sa toute petite cheville. Par Merlin. « Alors je veux voir tonton Lucian. »
Ses yeux s’ouvrent comme des billes, il la regarde comme si elle avait parlé une langue qu’il ne connaît pas - fait assez inhabituel pour le plonger dans un tel état d’effarement.

Il commence par refuser ; ils ont d’autres plans pour la journée, il invitera Lucian un autre jour. Du haut de ses six ans, elle essaie de négocier ; ça le fait sourire, intérieurement. Il n’est pas au bout de ses peines, sait déjà qu’elle ne lui épargnera rien. Ca ne lui faisait pas peur, avant. Il l’a imaginée grandir, s’épanouir sous son regard bienveillant, aimant comme jamais il ne se serait cru capable de le faire. Mais dans ces projections, il y avait la main de Leksa dans la sienne. Sa gorge se serre, il sent ses mains trembler, un peu. Il n’y arrive pas, bordel. Il n’y arrivera pas.

***

La petite main de sa fille cachée dans la sienne, Stefan parcourt les derniers mètres qui le séparent de la galerie de Lucian. Il frappe quelques coups de sa main gauche, un lourd nœud dans l’estomac ; de quoi est-ce qu’il a peur ? La porte s’ouvre, et les doigts qu’il tenait au creux de sa paume s’échappent, comme ça, d’un seul coup. Le battant est à peine écartée que sa petite fille se précipite dans l’interstice ; saute au cou de l’homme qui se tient là, la mine étonnée mais un immense sourire aux lèvres. Le fonctionnaire essaie de faire de même ; grince un pauvre rictus. Le coeur n’y est pas. Le coeur n’est à rien. Il secoue la tête ; bon, il n’est pas là pour faire la gueule. Lorsqu’Emilia libère tonton Lucian, il s’approche à son tour, l’embrasse chaleureusement. « Merci de nous recevoir, c’est vraiment gentil. » Ils entrent lorsqu’ils y sont invités ; Emilia court déjà dans tous les sens, surrexcitée et ravie au plus haut point. Elle a toujours aimé cet endroit, émerveillée par les trésors qu’il renferme. Ca lui met un peu de baume au coeur, à Stefan, même s’il ne peut empêcher sa gorge de se serrer lorsqu’il surprend le regard brillant qu’elle pose sur Lucian. Désabusé, il soupire. « Je suis désolé pour la visite improvisée. C’était… un cas d’urgence, je crois. » Le regard un peu vague, accroché au parquet dans un coin au fond de la pièce, il passe une main sur son visage avant de fourrer les mains dans ses poches. « Ca a l'air de lui faire du bien de te voir. » Et c’est le plus important, même si ça lui brise le coeur encore une fois. « Sa mère lui manque. »
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Lucian Aslankov
♠ AD ASTRA PER ASPERA
Lucian Aslankov
♠ AD ASTRA PER ASPERA

HOMINUM REVELIO ϟ
Statut du sang : mêlé. il n'a de toute manière jamais comprit en quoi cela pouvait être une gêne.Messages : 56Date d'inscription : 23/02/2018Localisation : loin dans l'éther de ses visions
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Ҩ Re: For the girl that you love || Stecian Ҩ Jeu 23 Aoû 2018 - 12:20

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«  Il vont où les gens, quand ils meurent ? » Lucian tourne la tête vers le garçon, il n'est pas certain d'avoir compris la question. Pourtant lorsque son regard croise celui vulnérable du gamin, l'homme sait qu'il va devoir lui donner une réponse. Il fouille un peu ses yeux : il y a quelque chose de mystérieux dans ses pupilles agrandies. Quelque chose que Lucian ne comprend pas toujours : il y a beaucoup de bruit dans ses silences, et trop peu de mots pour résorber la peine qu'il sent grignoter son regard lorsque vient le soir.  Mihaël ne parle pas beaucoup. C'est un enfant brisé que le sorcier tente doucement de réparer ; malgré ses maladresses d'adultes, malgré l'incertitude de ses gestes, malgré ses propres démons qui frétillent derrière la paroi de ses iris. Il essaie, et parfois, ça marche un peu. L'homme reste muet quelques secondes, il pose son pinceau sur la palette qu'il glisse sousle chevalet et s'agenouille devant le garçon. Tant de cicatrices sur un si jeune coeur, c'est à s'en arracher le sien. Mihaël a déjà l'âme tannée par l'épreuve, cela se voit au premier coup d'oeil. Son visage infantile hanté par la peur renvoie l'image d'un gamin abîmé, disloqué, anéanti par le monde qui l'entoure. Et pourtant ; il se bat. Avec ses maigres forces, avec cette petite étincelle de vie qui crépite dans son regard glacé. Il lutte contre l'horreur et la laideur et s'accroche comme il peut à son innocence juvénile : Parce que c'est tout ce qui lui reste.

Alors, que peut-il bien lui répondre ? Lui qui n'a jamais trouvé de sens à tout ce qui arrive. Lui qui passe son temps à se battre contre toutes les injustices de ce monde imparfait et impur. Lui qui reste parfois convaincu que s'il existe un foutu Dieu dans l'univers, il s'est fait la malle depuis bien longtemps. Que peut-il bien dire à un gamin qui a absolument tout perdu mais qui cherche encore à croire en la lumière ? Il réalise soudain ; n'est ce pas son rôle ? Non pas seulement en tant que père de substitution mais également d'artiste ? Ce qui compte au final, ce n'est pas ce que lui croit, mais ce que les yeux de ce gamins peuvent encore voir. «  Qu'est ce que tu en pense, toi, dans ton coeur ? » murmure t-il doucement. Mihaël réfléchit quelques longues secondes. Il cherche, fronce les sourcils, envisage toutes les possibilités. «  Je crois que ça dépend. » finit-il par dire en haussant les épaules. «  De quoi ? » l'enfant regarde ses chaussures, Lucian sent le coeur de celui-ci s'alourdir. Dans son regard, un fantôme passe. «  De si on a été gentil ou méchant. » Lucian observe le gamin ; Voilà une réflexion qui a du lui valoir beaucoup de silences. Le bien, le mal. Toutes ces choses pourtant impossible à cerner lorsqu'on a 6 ans. «  Tu penses que Maman est heureuse maintenant ? » Lucian ne sait pas ce qu'il y a après la mort ; le bonheur existe-il encore ? Ceux qui sont revenus ne se souviennent de rien. Et lui, il ignore s'il y a le néant ou si au contraire il y a une abondance de tout. Pourtant, à cet instant, les yeux de Mihaël sont tant empli de clarté qu'il a envie de croire. Croire que les maux disparaissent lorsque le corps, lui, se désagrège. «  Tu sais, je pense qu'il est bien plus difficile de vivre. » lui dit-il doucement. «  Je pense que ta maman est dans un endroit bien meilleur que celui-ci. Un endroit où il n'y a plus de temps, plus d'espace, et seulement l'amour qu'elle a pour toi. Un endroit d'où elle peut continuer de suivre chacun de tes pas.» L'enfant acquiesce, il ne comprend pas tout mais dans les paroles de l'homme il trouve un semblant de vérité et cela lui est bien suffisant. un sourire parcourt ses lèvres, le premier depuis longtemps. « Je crois que cet endroit il est dans mon coeur. » Une fois de plus, Mihaël réfléchit, son nez se retrousse en une petite mou. «  C'est un peu comme la lumière, tu sais. » Lucian penche la tête sur le côté, à l'écoute. « Oui. Je ne peux pas toucher maman, mais je la sens toujours et ça me réchauffe. » les mots du garçon perforent le coeur de Lucian. Quelque chose éclate, quelque part dans son thorax.  Il y a tant de sagesse dans des paroles aussi simples qu'il en a le souffle coupé. Dans un geste, il ramène l'enfant contre son torse et pose un baiser le haut de son crâne.

Lucian s'écarte, l'enfant semble avoir retrouvé le moral pour l'instant. Ça suffit à rassurer l'homme qui lui lance un sourire affectueux. Il ne pensait pas que le rôle de père soit si difficile. Le pays de l'enfance c'est tellement mystérieux le pays de l'enfance, surtout lorsqu'on est soit même instable. «  Aller, prend un pinceau et aide moi à mettre un peu de couleur sur cette toile. » et sur ta vie. Enjoué, l'enfant se saisit d'un pinceau et trempe celui-ci dans un rouge vif qu'il étale sur toute la longueur du tableau sous l'oeil amusé de Lucian. Un hululement surprend le sorcier qui tourne le regard vers un volatile perché sur l'un de ses tableaux. Il connaît ce hibou. Rapidement, Lucian se glisse jusqu'à l'oiseau et attrape la lettre qu'il tient dans son bec. « Continue ton œuvre, bonhomme, je reviens. ».

**

On frappe à la porte. Mihaël relève un regard inquisiteur vers Lucian qui flatte doucement sa tête. «  Tu vas avoir de la compagnie aujourd'hui. » dit-il avant de se diriger vers l'entrée de la galerie. Mihaël se relève, à la fois curieux et suspicieux et se place derrière l'un des piliers près du grand hall : De là au moins, il pourra toujours observer et passer inaperçu, c'est là qu'il a l'habitude de se cacher lorsque des inconnus rentrent. Lucian ouvre la porte. Il n'a pas le temps de saluer les visiteurs qu'un éclair se précipite entre ses bras. Instantanément, L'homme éclate de rire et receptionne l'enfant. .«  Comment va la plus belle ? Qu'est ce que tu grandis vite ! » La fillette relâche son étreinte, débordante d'énergie et lui renvoie un immense sourire. Lucian se redresse face à Stefan ; il a pu sentir sa détresse au travers de sa lettre et bien qu'il ne s'attendait pas à une telle visite, il ne peut s'empêcher de compatir. Il l'observe ; ses traits sont tirés, son visage lui renvoie l'image d'un homme fatigué. Fatigué et triste. Il ne pose pas de questions, le sorcier sait que les derniers mois ont été rudes pour cette famille souillée par le drame. Leksa a changé, lui même n'en ai pas sorti indemne, et dans la chute de la brune, sa famille a sombré avec elle. il connaît le coeur de Leksa, Il sait lui aussi à quel point on peut changer lorsqu'on perd une partie de son âme. Pourtant, cette désolation qu'il voit luire dans les yeux de son interlocuteur, le touche.  « Merci de nous recevoir, c’est vraiment gentil. ». Il laisse entrer l'homme, tandis qu'Emilia parcourt déjà la galerie en long, curieuse de toutes les nouveautés qu'elle n'a jamais vu. Lucian jette un coup d'oeil en arrière, Mihaël s'est recroquevillé derrière le poteau de marbre,  invisible, tout en suivant des yeux la gamine qui n'a pas encore remarqué sa présence. «  C'est tout naturel. Bien que je t'avoue que je ne m'y attendais pas. » lui dit-il un sourire encourageant sur les lèvres. « Je suis désolé pour la visite improvisée. C’était… un cas d’urgence, je crois. » Il semble un peu perdu, désabusé par cette situation qui lui échappe complètement. Aussi loin qu'il se souvienne, Stefan lui a toujours renvoyé l'image d'un homme fort et solide pouvant lutter contre tout pour sa famille. Désormais, il sent l'homme ébranlé, égaré par des épreuves trop lourdes, par le deuil et par l'adversité. Capitaine d'un bateau qu'il sait en train de sombrer mais qu'il se refuse pourtant à abandonner. «  Ne t'en fais pas, vous êtes toujours les bienvenues ici. » Il lance un sourire à la fillette qui le lui renvoie avec force de convictions. . « Ca a l'air de lui faire du bien de te voir. »  Il sent l'amertume dans la voix de Stefan, Lucian devine que les jours sont difficiles avec l'enfant ces derniers temps.   « Sa mère lui manque. » Évidemment. Lucian ne connaît pas les tenants et les aboutissants de l'histoire qui s'effiloche entre Stefan et Leksa. Ce qu'il sait cependant c'est qu'elle n'est plus la même depuis la mort de Milena, tout comme lui. Mais depuis qu'il tient le rôle de père il sait à quel point jongler entre le besoin de vérité et celui de protéger sa famille est difficile, alors il ne blâmera ni son amie ni ce père qui tente de recoller les morceaux brisé d'une histoire qu'il n'a pas voulu. «  C'est tout naturel. Mais tu fais ce que tu peux j'imagine alors ne te jette pas la pierre. ». Leksa lui manque aussi et il est fort à parier qu'elle manque aussi à l'homme qui se tient face à lui, le regard hagard. Il se détourne quelques secondes de l'homme et s'agenouille auprès d'Emilia. «  Tu sais je suis très content de te voir ! » Ravie, la fillette claque dans ses mains et attrape la manche de l'artiste. «  Et puis, j'ai quelqu'un à te présenter. » Il se relève et interpelle l'enfant toujours dissimulé. «  Mihaël veux-tu bien sortir et venir dire bonjour s'il te plait. Ils ne vont pas te mordre. » intriguée, la fillette observe le gamin sortir de sa cachette et s'avancer d'un pas traînant vers les invités pour venir se cacher derrière les jambes de Lucian. Celui-ci relève le regard vers Stefan. «  Il est très timide. » Mihaël ne voit presque jamais personne. Lucian prend soin de le préserver des autres. Tant qu'il n'a pas fait la lumière sur la mort de sa mère, il évite soigneusement de le confronter à toute cette affliction qui se répand comme une traînée de poudre dans le monde magique. Emilia observe le garçonnet, curieuse. Mihaël baisse les yeux, intimidé. « Mihaël, si tu montrais à Emilia ton chef d’œuvre ? Donne lui un pinceau, je suis sûr qu'elle sera ravie de le terminer avec toi. » Le gamin lève les yeux vers l'homme qui lui lance un regard encourageant. Une mou gênée sur les lèvres, l'enfant se décide à lâcher le pantalon de Lucian et tend son pinceau à la fillette dans un sourire maladroit.  

Lorsque les enfants se sont éloignés, Lucian se tourne vers Stefan. « Mihaël a perdu sa mère quelques jours après la mort de Milena. Je… me suis retrouvé sur les lieux trop tard. » Il soupire et jette un œil a Mihaël qui semble subjugué par chacun des gestes de la fillette. « Il n'avait plus personne. Alors… Je l'ai prit avec moi. » . Il se souvient de ce jour funeste. Quelques ombres se glissent derrière ses iris bleutés. C'est pour lui, pour Milena, pour toutes les victimes de ce jeu diabolique qu'il doit savoir. « Enfin, c'est une longue histoire. » Il pose une main sur l'épaule de Stefan. «  Ne le prend pas mal mon vieux mais tu as mauvaise mine. » Il se détache de l'homme et lui propose d'une main les vieux fauteuil de cuir près d'eux. «  C'est toujours un vrai plaisir de vous voir  mais tu sais… malgré toute mon affection pour Emilia, je ne remplacerais jamais sa mère. » d'un geste, il attrape une vieille cafetière en metal usé et deux tasses dans lequel il verse un liquide noir qu'il tend amicalement à Stefan. « Mais  dis moi plutôt comment tu vas, véritablement ? »  
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Stefan Wrzesinski
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Ҩ Re: For the girl that you love || Stecian Ҩ Lun 27 Aoû 2018 - 16:04

«  C'est tout naturel. Mais tu fais ce que tu peux j'imagine alors ne te jette pas la pierre. » Un fin sourire reconnaissant étire ses lèvres, mais il ne parvient à extirper son regard du vague dans lequel il s’est pris. Leksa est partie, sa famille est brisée. C’est lui qui a fait ça et maintenant sa petite fille lui en veut. Je ne me jetterai plus la pierre le jour où ce sera suffisant. Mais ça ne le sera pas, hein ? Il n’a jamais pu sauver personne, après tout. Autant laisser la main à Lucian, aujourd’hui. Ca le délivre au moins pour quelques heures de ce devoir qu’il n’arrive plus à remplir.  Son regard triste ne quitte pas l’homme qui s’agenouille près d’une Emilia rayonnante. « Tu sais je suis très content de te voir ! » Elle-aussi, ça se voit. Il a du mal à déglutir, Stefan ; il détourne la tête, et perçoit à ce moment un mouvement infime du côté de la porte. «  Et puis, j'ai quelqu'un à te présenter. » Les sourcils froncés, Stefan se demande si le quelqu’un en question est un animal de compagnie un peu craintif.  «  Mihaël veux-tu bien sortir et venir dire bonjour s'il te plait. Ils ne vont pas te mordre. » En voyant le petit garçon s’extirper de sa cachette, Stefan en reste bouche bée une grosse seconde avant de se reprendre. De toute façon, le petit ne semble avoir d’yeux que pour Emilia. Un sourire attendri se dessine sur les lèvres du diplomate, lorsqu’il observe le garçon s’agripper au pantalon de l’artiste ; lequel se tourne vers lui.  «  Il est très timide. » Il voit ça, oui. Où est-ce que Lucian a bien pu trouver cet enfant ? C’est tellement inattendu ; il est un peu sous le choc. Emilia s’en fiche bien, elle, de savoir d’où il sort, ce petit. Elle le regarde avec attention pendant que lui, il essaie de se cacher derrière les jambes de Lucian. Leur petit manège a quelque chose de très attendrissant. « Mihaël, si tu montrais à Emilia ton chef d’œuvre ? Donne lui un pinceau, je suis sûr qu'elle sera ravie de le terminer avec toi. » Stefan observe l’échange avec attention, un sourire sur le visage.

« Ils sont adorables. » « Mihaël a perdu sa mère quelques jours après la mort de Milena. Je… me suis retrouvé sur les lieux trop tard. » Tandis que Lucian soupire, Stefan s’efforce de rassembler les pièces du puzzle. « Il n'avait plus personne. Alors… Je l'ai prit avec moi. » . Silencieux, le diplomate réfléchit. Ca fait plus de six mois que Milena est morte ; garde-t-il le petit depuis tout ce temps, caché ? En a-t-il parlé à quelqu’un ? Au regard douloureux de l’artiste, il se dit que tout ça doit être une source de pression qu’il a du mal à appréhender. « Enfin, c'est une longue histoire. » Il aimerait bien l’entendre, pourtant. Tout ça l’intrigue. «  Ne le prend pas mal mon vieux mais tu as mauvaise mine. » Un léger éclat de rire s’échappe de sa gorge tandis qu’il s’approche de l’un des fauteuils pour y prendre place. Mauvaise mine, il veut bien le croire. Ca fait deux semaines qu’il n’a pas dormi plus de quatre heures par nuit. «  C'est toujours un vrai plaisir de vous voir  mais tu sais… malgré toute mon affection pour Emilia, je ne remplacerais jamais sa mère. » Stefan secoue la tête, un fin sourire aux lèvres en attrapant la tasse de café. Ca tombe bien, il n’a pas franchement l’intention d’épouser Lucian, n’en déplaise à Emilia. « Mais dis moi plutôt comment tu vas, véritablement ? »

Comment il va ? La question le laisse silencieux, un instant. Est-ce que ça compte, comment il va ? Est-ce que ça compte, tout ce que ça lui coûte, de faire ce qui doit être fait ? Dafina lui a bien fait comprendre que non, la dernière fois. « Je suis fatigué. » Avoue-t-il dans un soupir, avant de prendre une gorgée de café. Fatigué, c’est bien, ça. C’est plus facile de se dire fatigué, ça permet de croire que tout ira mieux après une bonne nuit de sommeil, ça permet de continuer à croire que le mal n’est pas plus profond que ça, au fond. « Leksa, elle me… » Il cherche ses mots, c’est difficile. Elle me manque, elle me tue. Elle m’a tout pris et pourtant elle n’a plus rien non-plus. « J’arrive pas à croire que tout se soit effondré comme ça. » Il secoue la tête, s’efforce de contrôler sa voix plus rauque que jamais. Un soupir s’échappe de ses lèvres et il passe une main sur son visage, massant son front comme pour se réveiller d’un mauvais rêve.

Son regard fatigué glisse jusqu’aux deux enfants occupés à laisser libre cours à leur talent artistique, et il sent son coeur se serrer en voyant sa petite fille observer son camarade recouvrir la toile de petites touches de peintures, méticuleusement. Elle a l’air fascinée ; lui il est attendri et il aimerait bien que ça arrête de lui crever le coeur. Il aimerait y voir autre chose que sa famille brisée, et quand elle le regarde ce qu’il voudrait, c’est qu’elle voie ce qu’elle a encore et pas ce qu’elle a perdu. Qu’elle arrête de lui reprocher le départ de sa maman - et pour ça il peut remercier Dafina. Une enfant de son âge ne devrait pas avoir ce genre de pensée, ce genre de réflexion. Elle est intelligente, Emilia ; ça ne devrait pas être un fardeau, pas déjà. C’est trop tôt, trop tôt pour tout ça.

Il baisse un peu la voie, lorsqu’il reprend : « Tu dis que tu as recueilli Mihael après la mort de Milena ? Mais, c’était il y a des mois… Tu crois qu’il est en danger ? » Sinon, pourquoi le cacher si longtemps ? Pourquoi sa mère a-t-elle été assassinée ? Une dissidente au système, peut-être ? Soudain, Stefan craint d’avoir mis les pieds dans quelque chose d’un peu trop gros, d’un peu trop grave. A croire qu’il a un don pour ces choses-là ; ça le ferait presque sourire, si le dernier drame en date ne concernait pas Krista.
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